30.10.07

Rue des singes



C’est l’histoire de René Taesch. Mon copain photographe. Ensemble, nous avions conçu à la fin des années 90 « Portrait de groupe avant démolition », un livre mêlant texte et images qui montrait un des effets de la main mise des financiers sur le monde: à savoir la disparition programmée de sdf. La suite sort cette semaine chez Florent Massot (17 euros). Pendant sept années, avec des hauts et beaucoup de bas, René a gratté, imprimé, raturé, écrit. Ce livre est une rareté. L’histoire s’enracine autour de la Rosselle, dans cet Est mosellan qui ressemble à un musée. Elle se poursuit chez des paysans de Puttelange, à la frontière luxembourgeoise. René est raflé, comme il l’écrit avant de se retrouver en foyer et en usine dans les Vosges, dans les communautés babas des années 70, en prison, à Londres, dans une camionnette. 0n the road again.
A une époque où les faux anars de 68 retrouvaient le nid douillet de papa et maman, René a poursuivi ses rêves d’amour libre, de révolution et de ganja facile. Il a travaillé, s’est levé tôt et couché tard, s’est marié, a milité chez les cocos, a divorcé, a fait des enfants, s’est fracassé, s’est reconstruit. Rue des singes est un livre qui lève la tête et dit non à la fatalité. C’est un livre qui résiste.

22.10.07

YO MAN





Certaines victoires ne donnent pas envie de lever les bras au ciel. Je voudrais revenir sur la décision de la Cour d’appel de Luxembourg de rejeter les demandes de poursuites de la BGL (Banque générale de Luxembourg, filiale aujourd’hui du groupe Fortis) contre nous.
Souvent, les personnes prises au piège de folie judiciaire (c’est mon cas), par manque de recul ou par rage, ne prennent plus la peine de dire calmement et posément ce qui leur arrive (ce n’est pas mon cas).

Dire d’abord que ces deux procédures qui s’éteignent sont deux parmi vingt quatre autres qui se poursuivent. Dire ensuite que si ces procédures concernant la BGL s’achèvent au Luxembourg, elles se poursuivent en France. Nos fortunés adversaires –je parle là de la BGL - avaient multiplié par deux les chances de nous abattre et avaient déposé les mêmes plaintes pour les mêmes motifs en France et au Luxembourg. Clearstream fait pareil mais c’est une autre histoire.

Il faut remonter à mars 2001 pour arriver aux origines de "l’infraction". Pascal Lorent et moi cherchions une preuve matérielle pour montrer que les archives de Clearstream pouvaient être utiles dans la reconstitution d’itinéraires financiers. Nous savions qu’il était possible à l’aide des microfiches de la firme de retrouver une aiguille dans une botte de foin, selon l’expression d’Ernest Backes. Encore fallait-il se retrousser les manches. Ernest Backes s’en est chargé.

Il avait récupéré entre autres les microfiches de l’année 1991. Le 1er juillet 1991, la BCCI, une banque mafieuse, était liquidée suite à une énorme affaire de blanchiment d’argent de la drogue révélée aux USA. Des scellés et des chaînes étaient posées sur toutes les succursales de la BCCI dans le monde. Présente dans une centaine de pays (principalement en Asie), la BCCI, pour des raisons aisément imaginables, avaient basé le siège social de sa maison mère à Luxembourg. Backes est Luxembourgeois. Il savait que les activités de la BCCI s’étaient poursuivies après la fermeture de la banque et de ses filiale. L’étage d’un hôtel de luxe au cœur de Luxembourg avait été loué à cet effet. Il a retrouvé dans ses microfiches à la date du 8 août 1991 cinquante sept transactions pour un montant équivalent à 15 millions d’euros. De la BCCI vers la BGL. Autrement dit, alors que les salariés de la BCCI étaient sans salaires, que ses milliers de clients avaient leurs comptes mis à zéro, des clients anonymes et privilégiés de la BGL avaient récupéré 15 millions d’euros. Voilà notre principale découverte.

Dans notre livre et notre film, nous avions indiqué que cette BGL était présidée par l’administrateur des comptes de la famille royale grand ducale qui avait elle-même l’essentiel de ses avoirs dans cette banque. Sans savoir si des liens existaient entre la BCCI et la famille royale luxembourgeoise (la plus riche d’Europe après la famille princière liechtensteinoise). Nous avions trouvé notre aiguille dans la meule de foin… La preuve que les comptes de Clearstream pouvaient servir à reconstituer des itinéraires financiers et être utiles en cas d’enquête fiscale et judiciaire.

Backes et un ancien juriste de Clearstream nous avaient assuré, devant témoins, que ces virements entre BGL et BCCI, via Clearstream, étaient illégaux. Terme que nous avons repris dans Révélation$ et dans Les dissimulateurs. Avant d’écrire, nous avons envoyé des lettres recommandées demandant des explications sur ces virements aux pdg de Clearstream et de la BGL, ainsi qu’à l’administrateur judiciaire anglais de la BCCI. Aucun ne nous a répondu.

Les juristes et avocats de Clearstream et de la BGL ont vite trouvé la faille dans notre démonstration : le virement que nous pointions n’était pas illégal en vertu du droit luxembourgeois. En effet, un tribunal d’arrondissement de Luxembourg avait autorisé le liquidateur anglais à l’effectuer. L’information selon laquelle des clients privilégiés ont bénéficié de 15 millions d’euros (au détriment de centaines de milliers d’autres) n’est pas en cause ici. On nous a attaqué sur le choix du terme illégal.

Des plaintes en diffamation ont été déposées en France et au Luxembourg dès la sortie du livre et du film.

La BGL a été déboutée en première instance et en appel en France. Elle s’est pourvue en cassation.

Au Luxembourg, la stratégie a été plus pernicieuse. Une juge d’instruction a été chargée d’instruire ce dossier. Elle y a passé du temps, beaucoup de temps, a entendu des dirigeants des trois banques, des policiers, des salariés. Nous n’avons été mis au courant de cette procédure qu’en 2006. Nous avons été "inculpés" pour calomnie, injure et diffamation. J’ai été convoqué deux fois à Luxembourg et longuement interrogé. D’abord pour le livre, puis (comme si on n’avait pas pu me convoquer qu’une seule fois) pour le film. Mon ami Pascal Lorent, co-réalisateur du film, a été lui aussi mis en examen, ainsi que Backes. Ce dernier, à l’origine de "l'infraction", a courageusement assuré qu’il n’était pas responsable de cette information, que nous lui avions extirpé son témoignage. Magnifique dégagement en touche.

Le Parquet de Luxembourg, donc l’Etat luxembourgeois, a absolument voulu correctionnaliser cette affaire. Nous devions passer devant un tribunal où nous risquions une amende de plusieurs dizaines de milliers d’euros pour avoir diffamé la BGL et Fortis (dont le Président belge du Conseil d’administration, responsable au final de cette harcelante procédure, est Maurice Lippens)

Ma première réaction a été de ne pas me rendre à ces convocations. Mais les lettres recommandées et les huissiers se sont invités chez moi et chez Pascal à intervalle régulier. Finalement, sur les conseils de mon avocate à Luxembourg, Christel Henon, nous avons choisi de nous battre sur le plan du droit. Des conclusions ont été rédigées, contredites par les parties adverses, re-rédigées. La décision de vendredi dernier portait sur des prescriptions. La juge d’instruction luxembourgeoise a trop laissé dormir son dossier. Notre livre et notre film sont assimilés à des œuvres de journaliste et le droit international nous a finalement protégés. L’instruction aurait due être plus rapide. La BGL et le Parquet luxembourgeois ont été déboutés. Pascal Lorent, Ernest Backes et moi sommes définitivement blanchis du délit de diffamation sur ces faits précis à Luxembourg.

Tout n’est pas fini pour autant. La BGL vient de gagner en Cassation en France. Et un nouveau procès, toujours sur ce terme d’illégal, sera programmé en France en 2008. Sans que jamais, l’information essentielle (ce "cadeau" de 15 millions d’euros à des clients privilégiés) ne soit mis en cause.Cela devient très difficile et très couteux d'informer quand des puissances d'argent telles Fortis ou Clearstream sont impliquées. Est-il normal de voir l'appareil judiciaire, au Luxembourg comme en France, se mettre en branle avec beaucoup de célérité, dépenser tant d'énergie, pour satisfaire ces groupes financiers au détriment des citoyens?

Je sais que je suis trop long pour un papier sur le net. Je voulais prendre le temps d’expliquer pourquoi ma joie est mesurée à l’annonce de cette victoire. Vous dire aussi que si le comité de soutien n’existait pas et si vos dons ne nous avaient pas permis de nous battre judiciairement à Luxembourg, nous serions perdants aujourd’hui. Et silencieux.

Amicalement
DR

PS : Merci à tous ceux qui nous aident, artistes, chanteurs, humoristes, citoyens, journalistes. Et rendez vous à ceux qui le peuvent le 10 novembre à la Passerelle à Florange pour la show Bedos and co. Surtour réservez vos places par Internet. L’argent sera judicieusement utilisée. http://lesoutien.blogspot.com/

19.10.07

Good news

"Bonjour Denis, Bonne nouvelle, la Chambre du Conseil a réformé l’ordonnance de renvoi de la chambre du Conseil près le Tribunal d’Arrondissement. En clair, l’action publique engagée contre vous ainsi que Pascale LORENT tant pour le livre que pour le film « les dissimulateurs » est prescrite pour les raisons que j’ai développées dans mon mémoire à vous transmis.
Ce dossier est donc clos." Certaines journées commencent mieux que d'autres. Il s'agissait des plaintes déposées à Luxembourg contre nous par la BGL et le groupe Fortis suite à la révélation d'un virement douteux de 100 millions de francs entre la BCCi et la BGL via Clearstream. Le combat et le retrait d'épines continuent.

6.10.07



Attention les zoreilles, pour fêter les 200 000 connexions et en exclusivité mondiale, avant le clip et l'album, voici le futur tube de "DR et les luxembourgeois" qui fera slamer tout le "global village".
Je le dédie à nos amis de Clearstream, d'Eads, de la Caisse des dépôts et du gouvernement:

LE SLAM (clic)

Et un autre cadeau d'Erwin et son boys band

LE SPECTACLE (clic ici)

5.10.07

Siemens paie et met fin aux poursuites (Le Soir)

Le groupe allemand Siemens, malmené depuis plusieurs mois par un scandale de corruption, a annoncé jeudi qu'il allait régler une amende de 201 millions d'euros imposée par un tribunal de Munich, mettant ainsi fin aux poursuites contre sa branche de télécommunications. Siemens était soupçonné d'avoir monté un système de caisses noires destinées à des contrats à l'étranger, principalement dans les télécommunications. Le conglomérat allemand avait reconnu officiellement le détournement de 420 millions d'euros mais, selon la presse allemande, le montant des pots-de-vin dépasserait 1,5 milliard d'euros. Dans cette affaire aux ramifications très vastes, qui a fini par coûter son poste au patron Klaus Kleinfeld, Siemens fait aussi l'objet d'enquêtes en Suisse et, depuis le printemps, aux Etats-Unis.

(sans vouloir la ramener, c'est ce que j'avais prévu, jetez un oeil plus bas)

4.10.07



Dans la série "Dominique de Villepin ne dit et ne fait pas que des conneries", je relève cette requête concernant la caisse noire d'Eads ayant servi à payer une officine anglaise de barbouzes du MI6. Il demande aux juges d'enquêter sur le sujet. On n'est pas dans une série télé mais dans la vraie vie. J'ai été victime de ces barbouzeries. Je rappelle, comme je l'ai écrit dans "Clearstream, l'enquête" qu'un journaliste anglais utilisé par cette officine et donc indirectement par Eads, est venu me voir et voir Florian Bourges, prétextant un article, pour nous soutirer des documents et des informations. Je l'aimais bien ce journaliste. Il avait fait le Vietnam, l'Irak, l'Afghanistan.
Jon (c'est son prénom), un jour il faudra que tu m'expliques pourquoi et comment tu es venu te perdre ici et vendre ton âme à ces gros nazes.

Suite au post, pour ceux qui cherchent des places pour Bedos and co, c'est possible sur le site:
http://www.ticketnet.fr/shop/fr/accueil.asp?idtier=78768

3.10.07

2.10.07

2OO OOO

Ce site vient de dépasser la barre des 200 000 visites. Je n'ai jamais compté, ni cherché à faire de l'audience. Il a été créé au départ en soutien à mon roman éponyme. Puis, disons qu'il a lentement viré de bord, est devenu ce terrain informel où s'est tissé un lien entre nous. Une surface de réparation. Nous tournons ces derniers mois à environ 12 000 visites mensuelles. C'est peu, c'est beaucoup. Continuons le combat.