27.5.08

Une pensée Bibi



Je suis tombé ce matin sur ce commentaire envoyé par Google via la Télé libre. Mon boulot, ce sont les Bibi qui en parle le mieux...

"Dimanche : je roule pépère dans ma voiture avec France-Info en fonds sonore. C’est un reportage qui dure, dure, dure sur le Luxembourg. On interroge une jeune femme sur la beauté méconnue de ce petit pays avec visite touristique très détaillée. On dit qu’il y a beaucoup de jobs ouverts pour les français avec Bac+3. Postulez ! Postulez ! Vos faiblesses en Anglais seront facilement surmontées.


Le Luxembourg ! Je me souviens avoir découvert ce pays non dans les dépliants touristiques mais dans mon acharnement à comprendre les rouages de cette chambre de compensation (Clearstream). J’avais dégotté les deux livres (Révélations et La Boite Noire) dans la poussière d’Emmaüs. Depuis, ces troublants Trous noirs de la Finance mondiale ont sérieusement ébranlé ma naïveté et mis à mal ma représentation idyllique du Monde. La veille de ce dimanche, j’étais allé sur le site des amis de Denis Robert et j’avais passé une bonne partie de mon après-midi à visionner l’heure du débat sur latelelibre.fr. On y entendait Valdiguié, le rédacteur en chef de Paris-Match, intervenir souvent. Il donnait de l’accolade et faisait copain-copain avec tous. Puis sur la fin, n’y tenant plus, ce journaliste finit par dire d’un ton condescendant, que « Denis Robert est un personnage ».

Un personnage est, en deux mots, un ego expérimental. Ce n’est pas une simulation d’un être vivant, c’est un être imaginaire et à ce titre, il peut tout faire, tout dire. Veut-on taire et étouffer le travail de Denis Robert ? Alors, il faut dire que Denis Robert « théâtralise », qu’il est «fascinant dans sa façon de mélanger le réel à la fiction ». Et cette fascination exercée par Monsieur Robert serait de… s’inventer sa propre «mise en scène ». Oui, oui, il est assurément un bon écrivain mais… dans le domaine financier, il est moins intéressant, n’est-ce pas ! Le tour de passe-passe est là, dans ce nœud où Laurent Valdiguié tente de brouiller les pistes en taisant le saut allègre qu’il effectue : il déconsidère le Réel en le rabattant sur l’Imaginaire et l’être quasi-imaginaire qu’est Denis Robert-écrivain-de-littérature. « Denis Robert est un poète. Un Jules Verne de la finance ». Edwy Plenel, de son côté, nous joue la même musique : « Denis Robert est l’inventeur de Clearstream ».

Au final, de quoi parle Laurent Valdiguié dans cette prise de position ? Il parle de… sa propre approche journalistique et des fictions qu’il assène chaque semaine via Paris-Match, journal partagé entre les fictions romanesques de Monaco (Stéphanie-Caroline-Albert) et les états d’âme romantiques de l’Elysée (Cécilia-Nicolas-Carla). “Personnage” ? Guignol… ? Comme qui dirait : c’est-celui-qui-y-dit-qui-y-est.

Car imaginaires seraient les listings Clearstream et les milliers de comptes ouverts dans les paradis fiscaux ( consultables sur le site www.dominationdumonde.blogspot.com)? Imaginaires les transactions, les comptes non-publiés ? Fictifs les 106 pays représentés à Clearstream dont plus de 40 sont des paradis fiscaux ? Créées de toutes pièces les filiales de banques honorablement connues (BNP, Crédit lyonnais, Société générale?)? Inventé le témoignage de Régis Hempel l’ancien chef de l’informatique qui assure que la firme effaçait des transactions pour en dissimuler la provenance ou la destination ?

Denis Robert est d’autant plus suspect qu’il n’est plus dans les petits papiers des rédactions et qu’il n’appartient plus à la profession qui fait profession d’être le témoin « objectif » du Monde et de sa Marche. Pourtant plus de 700 journalistes lui ont apporté leur soutien. Pas ceux non plus, bien sur, de Charlie-Hebdo dont on soulignera que Richard Malka, l’avocat de la Banque des Banques qui traîne Denis Robert de procès en procès, est celui-là même qui défend… Charlie-Hebdo !

Pendant ce temps-là, les procès contre Denis Robert et… les affaires continuent : sur l’année entière 2006, Clearstream a enregistré 24,51 millions de transactions, soit une hausse de 20% par rapport à 2005. La société Clearstream refuse toujours tout regard public sur ses comptes et ses transactions qui s’élèvent à hauteur de 250 fois le budget de la France ! Clearstream a ajouté récemment trois nouveaux marchés à son réseau international : la Croatie, la Turquie et la Russie…

BiBi ( www.pensezbibi.com)

23.5.08

message non personnel

19.5.08

On n'arrête pas le progrès


PARIS (Reuters) - Le parquet pourrait demander un non-lieu pour Dominique de Villepin dans l'affaire Clearstream, croit savoir dimanche le site internet de l'hebdomadaire Marianne. "Le réquisitoire de l'affaire Clearstream par le procureur Jean-Claude Marin va probablement demander un non lieu général pour Dominique de Villepin", rapporte Marianne2.fr sans citer ses sources.
"Le document est sur le bureau de Jean-Claude Marin, le procureur de la République de Paris, depuis une dizaine de jours et n'attend plus que son paraphe pour être transmis aux juges de l'affaire Clearstream, Henri Pons et Jean-Marie d'Huy", ajoute Marianne.
L'enquête sur une possible manipulation ayant visé Nicolas Sarkozy à l'aide de fausses listes de comptes de la société Clearstream en 2004 a été refermée en février après trois ans et demi d'investigations, mais le procès de l'affaire semble encore loin.
L'ancien Premier ministre a été mis en examen pour "complicité d'usage de faux et de dénonciation calomnieuse, recel de vol et recel d'abus de confiance". Les charges contre Dominique de Villepin reposent sur des documents retrouvés dans l'ordinateur du général Philippe Rondot, spécialiste du renseignement.
La thèse des juges est que Dominique de Villepin, qui a d'abord demandé des enquêtes parallèles sur les listes à Philippe Rondot puis à la DST, a ensuite poussé à leur remise au juge Van Ruymbeke, dans l'espoir d'éliminer Nicolas Sarkozy dans la perspective de la présidentielle 2007. Dominique de Villepin a nié ces charges.

18.5.08

Eclectik

http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/eclectik/

Si le lien ne fonctionne pas, allez sur le site de France Inter, rubrique Eclectik...

13.5.08

un bon papier

12.5.08

Angle mort


Ce texte est la préface d'un livre de photos qui seront exposées au Musée d'Art moderne de Genève en Juin.


En juillet 2002, je ramais à rendre intelligible le résultat de mes enquêtes sur le fonctionnement de la planète financière. J’étais fatigué d’entendre que ce que j’écrivais était compliqué. Je me souviens du moment où la route s’est éclaircie. Je partais en vacances. La voiture était pleine de cris d’enfants. Je conduisais, la tête dans le livre que j’avais laissé en chantier, me rabattant, zigzaguant entre les caravanes pour arriver le premier aux stations de péage, ralentissant à la vue d’un motard ou d’un radar. On me parlait, mais je ne répondais pas. Je cherchais la métaphore qui allait mettre tout le monde d’accord. En me faisant doubler par une grosse berline immatriculée en Suisse, à laquelle était accrochée une remorque, j’ai eu une illumination. La berline avait disparu dans l’angle mort de mon rétroviseur. Je me suis dit que la planète financière fonctionnait comme un réseau autoroutier. Avec ses stations de péage, ses bandes d’arrêts, ses voitures, ses remorques, ses plaques d’immatriculation, ses gendarmes, ses voleurs et ses itinéraires bis.

Un véhicule en dépasse un autre et reste, grâce à sa vitesse constante, caché dans le point aveugle du rétroviseur. Il aura disparu. Il aura réellement disparu de votre champ de vision, avant de réapparaître, comme par magie, quelques secondes plus tard. Il en est de même avec les transferts d’argent et valeurs. Des montagnes de yens, d’euros, de roubles ou de dollars, des paquets d’actions et d’obligations sont à portée de vue dans les remorques de grosses cylindrées sur les autoroutes de la finance. On ne les voit pas, parce qu’on ne veut pas les voir.

J’ai longtemps cru qu’il était impossible de retrouver la trace d’un virement dès qu’il passait la frontière d’un pays.Trop de trafic. Trop de vitesse. Trop de mensonges. Pas de mémoire. Ma découverte du rôle joué par les chambres de compensation internationales Clearstream et Euroclear et par la société de routing financier Swift m’a permis de comprendre à quel point mes représentations de l’argent et du capitalisme étaient fausses. Non seulement les transactions financières étaient enregistrés, mais ces informations étaient centralisées et conservées dans d’immenses gares de triage de la finance. A elles trois, ces sociétés pieuvre possédant des antennes et des clients sur toute la planète, sont devenues en une vingtaine d’années, grâce à la puce électronique et aux progrès de l’informatique, les outils essentiels de la mondialisation. Les gestionnaires du trafic dans le global village. Les sociétés de transports du capitalisme financier. Ses caisses enregistreuses. Ses pompes à essence. Ses tours de contrôle. Ses boîtes noires aussi. Toutes les banques de la planète, mais aussi des multinationales et des sociétés plus troubles sont connectés en permanence sur leurs réseaux et s’en servent pour transférer, acheter, vendre, tricher, voler, cacher. Foncer. Disparaître.

Swift se contente d’enregistrer et de transmettre des ordres de virement de banques à banques. Vous êtes en Italie, vous louez une voiture : le loueur, en passant votre carte de crédit dans son appareil, utilise le réseau Swift auquel est forcément abonné votre banque pour débiter votre compte en Basse Normandie ou sur une lagune de Saint Barth. Clearstream et Euroclear sont chargées d’organiser le commerce transfrontalier des actions et des obligations, de garantir la solvabilité des clients sur les marchés, de fluidifier les échanges financiers mondiaux et de les compenser. Elles peuvent transférer du cash , mais elles sont surtout chargées de transformer vos avoirs en investissements. Elles les font voyager et les conservent dans leurs immenses parkings souterrains. Elles sont payées pour ces services. Une commission à chaque passage et un loyer pour chaque garage.

Les banquiers et leurs informaticiens jouent sur la vitesse des échanges et sur notre ignorance des techniques de déplacements bancaires pour nous flouer. Ils utilisent dans les points aveugles du système de subtils outils de transformation et de transfert de valeurs. Ils peuvent aller si vite dans les échanges qu’on ne peut pas les suivre. Ils peuvent masquer les numéros de certaines plaques ou mélanger les remorques et les voitures au péage de telle sorte que le temps d’un déplacement, on ne sache plus très bien à qui appartient quoi. Et vers où tout cela file.

Tout se fait par des jeux d’écritures comptables. Les informaticiens de Clearstream ou d’Euroclear compensent les pertes et les gains des uns et des autres. Le cul vissé dans leur fauteuil à Luxembourg ou à Bruxelles, ils voyagent au quatre coins de la planète. On verse un million de francs dans son agence bancaire à Monaco. Le temps de se retourner, l'argent a déjà filé sur un compte à Paris, est revenu sous forme d'un placement à Jersey. Les réseaux autoroutiers sont interconnectés. Les ordres de virement filent par des câbles qui relient des ordinateurs qui relient des disques durs qui relient des coffres forts électroniques. A Londres, Francfort ou Genève, des opérateurs ont l’œil sur ce qui file. Ils partent de Swift empruntent un bridge qui les amènent chez Clearstream, puis un autre qui les fait revenir à Euroclear. Parfois on leur demande encore plus de vitesse ou de discrétion pour certains transferts. Ils utilisent alors des itinéraires bis. Ils quittent le flux et se rendent invisibles. Ils jouent sur les numéros de plaque, changent de véhicule, sèment leurs poursuivants. Ils peuvent aussi effacer les traces de certains passages. Des masses entières d’argent ou de valeurs disparaissent pour réapparaître sous une forme différente plus loin. Plus loin que la mer, dans un paradis fiscal, au large.

Les paradis fiscaux sont des leurres, des villes fantômes en bout de piste. Inutile d’aller y chercher ce qu’on ne trouvera pas. Les véhicules financiers y ont, en quelque sorte, simulé un dépôt. L’information financière reste enregistrée et accessible dans les archives électroniques des gares de triage de ce capitalisme qui devient de plus en plus clandestin. Toujours Clearstream et Euroclear. La première a son siège dans un paradis fiscal. Le Luxembourg. C’est à dire un lieu où aucun juge indépendant ne mettra jamais les pieds. La boucle apparaît ainsi bouclée.

La multiplication des radars sur les autoroutes françaises a réduit considérablement les excès de vitesses et les accidents mortels. La peur de l’amende et du gendarme a joué. La multiplication des itinéraires bis, des trafics de plaques et des véhicules dépassant la vitesse autorisée ont transformé en jungle inaccessible le réseau autoroutier financier. Le capitalisme n’est pas devenu fou, comme le prédisent certains, il est devenu incontrôlable.

En 2002, alors que la grosse berline suisse me dépassait, j’ai eu cette vision. Nous étions des millions de types à nous traîner d’embouteillages en stations de péages, flashés par des radars, contrôlés par la police. Au dessus de nos têtes volaient des bolides conduits par des fantômes souriant comme des vampires.

DR

7.5.08

RV à Montpellier, le 29 mai.


A Montpellier, le 29 mai prochain , la galerie Etc présentera nos derniers travaux. Je veux parler des installations et des apnées sur lesquelles Philippe Pasquet et moi avons suées depuis un an. Cette incursion en pays arty en appellera d'autres. Nous allons montrer plusieurs oeuvres un peu bizarres sur lesquelles nous phosphorons. L'expo s'appelle Diffamation$. Des maillots de basket en serpillère, des cadavres de banquiers romains, des listings, des lignes d'écritures, des vidéos, des coffres morts et ces fameuses apnées qui tentent de mettre en image un cerveau humain (le mien).
C'est une manière de provoquer, de proposer, d'écrire une nouvelle page et de retrouver un peu d'oxygène.
exposition jusqu'au 22 juin / etc galerie – Montpellier
www.etcgalerie.com