18.2.07


Bienvenu à Sarkoland
Ce matin, j’ai reçu un mail de Placid. Il avait réalisé la couverture de mon livre « le milieu du terrain ». Auparavant, il avait dessiné celle d’un petit guide très instructif sorti en 2001 qui avait pour titre « Vos papiers ! » et pour sous-titre « Que faire face à la police ? ». Le syndicat de la magistrature et un de ses membres Clément Schouler avait aidé à la publication de cet ouvrage. Le livre, paru en 2001, a été l'objet d'une double plainte (diffamation et injure) de la part de Daniel Vaillant, alors ministre de l'intérieur. Placid, l’éditeur (Michel Sitbon, l’esprit frappeur) et l’auteur avaient été relaxés en première instance. Le parquet a fait appel. Le 23 novembre 2006, à son procès, Placid s’est défendu seul sans avocat. Le jugement vient d’être rendu. « J’ai été condamné à 500 euros d'amende pour "injures publiques envers une administration, en l'occurrence la police nationale" » nous apprend Placid. Michel Sitbon, est condamné à 800 euros d'amende pour complicité et Clément Schouler, à 1000 euros à cause d'une phrase dans sa préface où il explique qu’ en France les contrôles d'identité aux faciès se multiplient… « Clément Schouler et son avocat ont fait un pourvoi en cassation. Je ne sais pas faire ça, ça me gonfle de m'occuper de quoi que ce soit, je me contente de faire cette lettre. Et pas particulièrement pour vous demander conseil, juste pour que l'information circule » écrit Placid qui poursuit : « Pendant ce procès en appel, je me suis défendu. J'ai produit des photocopies d'œuvres de dessinateurs célèbres pour leurs portraits ou caricatures de policiers (Siné, Cabu, etc.). Ce qui semblait m'être reproché était le nez retroussé du policier, proche du nez d'un cochon. J'ai aussi produit des exemples de ma production de dessins, où on peut voir des "nez de cochon" sur toutes sortes de personnages (…). J'ai enfin montré l'exemple d'une illustration que j'ai faite peu avant dans un magazine pour lycéens, où j'avais représenté une policière sympathique>> Puis, Placid d’expliquer : « Ce que j'ai appris aussi, c'est l'intervention de Nicolas Sarkozy dans le procès Charlie Hebdo récent. La comparaison est simple : je suis condamné pour une image, suite à une plainte initiée par le ministère de l'intérieur, patron actuel : Sarkozy. Je ne cherche pas la bagarre. Je sais juste qu'une amende de 500 euros est plus compliquée à supporter pour moi qu'une amende de 500 000 Euros pour, disons, un responsable de Elf ». Il y a en ce moment un glissement brutal et visible vers la censure et la démesure dans la censure et l’injustice dans ce pays. L’affaire Placid intervient au lendemain de la plainte initiée par le Parquet de Paris contre un pauvre blogger qui n’avait fait que reproduire les notes confidentielles de Rondot ou le PV de Van Ruymbeke. Ces PV avaient déjà été largement publiés par le Monde, le Figaro, l’Express, le Point, etc… Aucune plainte n’a été déposée contre ces journaux. De la même manière, mon éditeur et moi sommes poursuivis au Luxembourg et à Paris par les banques ou par Villepin pour avoir chercher à écrire la vérité dans les affaires Clearstream, mais égratigné des édiles. Tous ces journaux qui, plus ou moins outrageusement, roulent pour Sarkozy sont là aussi épargnés. Tant mieux pour eux. J’indique qu’ une fois de plus le pouvoir, dans toute son hypocrisie et son aveuglement, tape sur le supposé faible. Ce pouvoir n’est pas anonyme. Il s’agit de la Chancellerie, du parquet général, du parquet de Paris et de tous ces magistrats au mieux procéduriers, au pire, rampants. Il s’agit du Ministère de l’Intérieur et de ses zélés sous-fifres, qui font campagne en ce moment pour l’édification d’un Sarkoland géant. Comme Placid, je suis troublé de voir les principaux leaders politiques de ce pays, et tous ces intellectuels en goguette et la plupart du temps sans courage, défiler pour sauver l’honneur du malheureux Val et de Charlie Hebdo au procès des caricatures. Devant les caméras de TF1, de France télévisions, etc… Et oublier le reste. La vraie censure est en marche. Elle est perfide, efficace et économique. Elle défend l’honneur des multinationales, des vedettes du foot ou du show biz et des premiers ministres. Elle s’attaque aux petits éditeurs, aux dessinateurs sans ressources, aux écrivains et aux journalistes indépendants. Elle use et abuse de mises en examen et de frais de procédure. Elle s’opère méthodiquement dans le silence des tribunaux, des campagnes électorales. Et des journaux. Elle est en train de gagner la partie.

16.2.07

Je sais que je n'ai pas donné de nouvelles depuis longtemps et je m'en excuse. Le spectacle (Thierry Baë a disparu) m'a beaucoup occupé. Il marche fort. C'est très surprenant de se retrouver sur la scène d'un théâtre. Très improbable. Je vis cette aventure comme des vacances. On doit jouer dans dix jours à Marseille, puis à Paris (la Villette), Strasbourg, Rennes, Lyon, etc...
Chaque fois, je tombe sur des visiteurs de ce blog ou des membres du
comité de soutien. C'est toujours chaleureux. De ce côté-là, tout va bien, l'argent récolté a épongé une partie des dettes mais ce n'est pas fini. Sur ebay, les planches de bédé et les maillots de footballeur font grimper les enchères.
Plusieurs concerts de soutien sont prévus à Paris, Montpellier,
Nancy. Outre mon vieux pote Bedos et mes amis de Groland, Joey Starr, Miossec, Katerine devraient être de la partie.
Pendant cette campagne qui
occulte la question essentielle des évasions de capitaux, les affaires et les plaintes contre moi suivent leurs parcours sinueux. En France et surtout au Luxembourg (où c'est plus cher et plus risqué).
J'ai reçu plusieurs encouragements d'hommes politiques en campagne, y compris à droite. J'ai du mal à m'impliquer et je suis déçu par la campagne du parti socialiste. François Hollande que j'imagine très pris n'a pas répondu à ma lettre. C'est une demi surprise.
Un mot sur l'exposition où la plupart des grandes toiles et les deux
installations (le big vide poche et le wall) ont été vendues. Là aussi, je ne m'y attendais pas. L'expo devrait bouger et se promener un peu partout. Une autre manière de résister.
Pour répondre aux internautes qui s'étonnent de la subjectivité tendancieuse de ce qui écrit sur moi sur Wikipédia, j'avais remarqué. A deux reprises, j'ai apporté des corrections. Chaque fois, un petit malin repasse derrière.
Je jette l'éponge et m'interroge: pourquoi tant de haine?
La bonne nouvelle c'est la sortie en poche de la domination du monde (fin avril je crois au Point Seuil) et aussi d'un roman qui, d'après ce que j'en ai lu, s'est largement inspiré de ma vie. L'auteur s'appelle Elisabeth Butterfly (ça sort chez Florent Massot en mars). Titre de l'oeuvre: l'emmerdeur. Je l'ai lu cette nuit et j'en ressors troublé. Gainsbourg disait "l'amour physique est sans issue". Face à l'inexorable agonie du journalisme, le combat politique aussi.

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