30.3.07

Le Concert...une première partie...


Groland, Miossec, Cali, didiersuper
Vidéo envoyée par erwinact

+ un article à lire d'Aurélien...cliquez ici

23.3.07

En dehors de ma tronche de malade bourré à la cortisone sur les photos
Sipa qui passent en boucle sur les sites Internet (grrr l'obs), je tiens à
signaler, même si tout le monde s'en fout que je suis moins atteint que ne
le laisse supposer cette photo et que :

1) tout va bien
2) un papier TRES documenté- sur Clearstream a été censuré CETTE SEMAINE
dans un hebdomadaire appartenant au groupe Lagardère
3) un papier sur Clearstream devait passer en une d'un quotidien anglais
très influent dans le monde de la finance mais suite au lobbying intensif de
la banque des banques luxembourgeoises, il a été différé...
4) Les deux papiers étaient PRETS à sortir, maquettés et ont été sacqués in
extremis
5) la peur des procès et l'utilisation malveillante de documents judiciaires
tronqués a joué à mort
6) c'est une belle saloperie
8) si un juriste du FT ou de Match lit ce blog qu'il jette un oeil au seul
jugement argumenté qui vaille à ce jour et qu'il reconsidère sa décision
Ce jugement est consultable là:
http://www.arenes.fr/livres/page-livre2.php?numero_livre=25&num_page=376
9) si un juriste de Clearstream lit ce blog (ils sont assidus, je sais),
qu'il sache que je veille que mon énergie est intacte malgré leurs coups bas
10) je suis convoqué pour une audience à Luxembourg ville suite à
une plainte vieille de cinq ans déposée par Marcel Mart, l'ancien
administrateur des comptes du grand duc du Luxembourg et par la banque
Fortis (ex Banque générale du Luxembourg) dont il était le pdg suite à la
sortie de Révélation$... Les procureurs et substituts luxembourgeois mettent
beaucoup plus d'entrain à me pourrir la vie qu'à lutter contre le crime
organisé... J'y reviendrai...
11) Venez nombreux le 17 avril à la Cigale, il y aura des surprises
12) Non, Monsieur Flamby alias Culbuto alias le chantre de la réforme alias
mister Hollande n'a toujours pas répondu à ma lettre (vous êtes nombreux à
me le demander, moi pareil je ne comprends pas ou je comprends trop bien)
13) Oui, vous êtes nombreux à me dire de prendre du recul et de passer le
relais
14) Et bien non, je ne laisse pas tomber
15) la photo qui illustre ce propos a été prise hier
15) la fille sur la photo est ma fille
16) je sais, elle est très belle
17) et très fière de son papa (enfin je crois)
18) Désolé mais je ne suis ni mort, ni malade, ni encore complètement
fauché...

DR

21.3.07

FINANCE SACRÉE !
Mis à jour le :15 mars 2007. Auteur : François Maliet.

L’avocat de Charlie Hebdo et de Clearstream, Richard Malka, défend la liberté d’expression tout en s’acharnant sur un écrivain qui a mis son nez dans la finance internationale. Chapeau, l’artiste !

On devait en trouver des brouettes entières, des avocats prêts à s’engager auprès de Charlie Hebdo les 7 et 8 février derniers. Pensez donc, défendre une cause aussi noble que la liberté de la presse, et contre le péril barbu de surcroît ! Imaginez-vous menant la charge lors de ce « procès hautement symbolique » (France Inter). Car, bien plus qu’une simple audience, il s’agissait d’un « combat de la Raison contre les Ténèbres » (Libé, 09/02). Vous voila heaume rabattu et lance au flanc pour secourir « la libre opinion » (Le Figaro, 09/02), masse d’arme au poing pour l’honneur du « droit à l’impertinence » (Le Midi-Libre, 07/02), n’hésitant pas à piquer des deux en tenant haute votre bannière pour terrasser l’ennemi lors de ce « procès d’un autre âge, d’un autre monde » (Le Monde, 08/02). Quelle gloire ! Mais ne rêvez pas, les lauriers de la liberté d’expression reviennent aux avocats attitrés de l’hebdo, dont Richard Malka fait partie. Dans le civil, le bougre est scénariste de BD, auteur de l’inconnu Ordre de Cicéron, de la trop connue Face karchée de Sarkozy, ainsi que de Section financière, où l’histoire se déroule sur fond de blanchiment d’argent. Pour cet album, sa muse est sûrement titillée au quotidien puisque Richard Malka est aussi l’avocat de Clearstream, la banque des banques luxembourgeoise qui enregistre les mouvements de pognon d’un bout à l’autre de la planète. Et qui, selon Denis Robert, le journaliste et écrivain qui enquête sur cette société depuis de nombreuses années, « est un formidable outil de dissimulation utilisé par un nombre de plus en plus grand d’initiés. » [1] Un rouage essentiel à la bonne marche du sacro-saint marché, quoi...

En 2001, quand Denis Robert a publié Révélation$, un bouquin d’enquête sur le fonctionnement quelque peu opaque de la désormais célèbre institution financière, cette dernière s’est dégotée un avocat rompu à ce type de joute. Qui, sinon le bavard de l’hebdo le plus attaqué de France, assurerait cette mission sans coup férir ? À l’époque, Charlie essuyait les foudres des ultra-cathos de l’AGRIF : « [Ils] avaient mis au point une stratégie de harcèlement judiciaire. [Leur] idée étant : on fait un procès systématiquement. Si on les gagne, tant mieux, ça va assécher leurs finances, et si on les perd, ce n’est pas grave, ça leur occasionnera quand même des frais importants », expliquait Richard Malka en 2002, dans le hors-série Dix ans de bonheur de Charlie Hebdo. L’acharnement des soutanes tatillonnes le mit à bonne école puisqu’on retrouve sensiblement la même stratégie systématique contre Denis Robert. L’écrivain doit faire face à une trentaine de procédures judiciaires, pas toutes diligentées par Clearstream il est vrai. Contacté par CQFD, Richard Malka minimise : « Je ne l’ai poursuivi qu’à six ou sept reprises. » Six ou sept ! Soit le nombre de procès intentés par les ultra-cathos contre Charlie à l’époque où il se plaignait de leur « harcèlement ». Mais il ne faut pas tout confondre, et « il est bien légitime que les personnes mise en cause puissent considérer qu’elles ont été diffamées », nous explique cette soutane laïque, avant de préciser, quelque peu condescendant : « Nous ne demandons que ça, de ne plus l’attaquer... S’il ne ressortait pas tous les ans le même livre avec les mêmes implications [sic] diffamatoires ! » Il égraine alors les procès gagnés par la banque luxembourgeoise : contre Révélation$, contre un reportage sur Canal +, en faveur d’un salarié de Clearstream mis en cause... « Denis Robert a été condamné à payer des dommages et intérêts qui s’élèvent pour chacun de ces procès à... un euro ! », tient à préciser à CQFD Michel Zaoui, l’avocat de l’écrivain. Quelles victoires éclatantes quand on sait que pour Révélation$, Clearstream réclamait 300 000 euros ! Le champagne dut couler à flots dans les bureaux luxembourgeois. Mais pas longtemps puisque la banque a paumé son procès contre La boîte noire, le second bouquin de Denis Robert... « Le même livre avec les mêmes implications diffamatoires » qu’il disait !

Dans l’opuscule de Charlie autocélébrant leurs Dix ans de bonheur, notre héraut de la liberté d’expression avançait que « la censure aujourd’hui n’est plus ni judiciaire, ni politique. Elle est purement économique ». On ne peut qu’abonder en son sens, et s’interroger : est-ce à cause des honoraires luxembourgeois de Me Malka que Charlie n’évoque point les enquêtes de Denis Robert ? Dans l’hebdo de Val du 7 mars dernier, Michel Polac joue au vieux sénile qui ne comprend rien : Robert il dit qu’il gagne, Malka il dit que Robert perd et Polac « [se] sent l’idiot du village. [...] Laissez-moi le temps de tenter de comprendre », supplie l’ancien impertinent. T’affole pas Michel, ça fait jamais que cinq ans que ça dure ! L’AGRIF était claire : « Occasionner des frais importants »... Et la censure « purement économique » annoncée par Malka voit le jour : saigné par la multiplication des procédures à son encontre, et malgré le comité de soutien créé par ses potes [2], Denis Robert a comme une furieuse envie d’abandonner. « Je n’ai plus envie de parler de Clearstream, chaque fois que je prononce ce nom c’est comme si un étron me sortait de la bouche », nous confiait-il fin février. Pour lui remonter le moral, il vient d’être condamné pour une interview bidouillée publiée par VSD : 1 500 euros de dommages et intérêts plus les frais de publication judiciaire. « Pendant dix ans, l’AGRIF nous a attaqués pour racisme antichrétien... Et puis, elle a cessé de nous poursuivre. Les chrétiens ont fini par s’habituer à l’humour Charlie Hebdo ! », s’amusait Richard Malka lors du procès des caricatures. Clearstream, elle, ne s’est toujours pas habituée au boulot de Denis Robert... Eh, Malka ! Si la liberté d’expression se résume à dessiner la barbe de Momo le prophète sans pouvoir enquêter sur la finance internationale, ton laïus vaut pas tripette.

Publié dans CQFD n°43, mars 2007.


[1] Le Point, 08/07/04.

[2] lesoutien.blogspot.com/ Comité de soutien à Denis Robert, BP 93602, 54016 Nancy Cedex.

7.3.07

La censure

Jamais je n’aurais imaginé en arriver là. Dans ce pays. A devoir me défendre comme je le fais. Mon métier, c’est d’écrire. J’en arrive parfois à être dégoûté de l’exercer. Ce n’est pas une lubie passagère, ni une panne d’inspiration, ni un sentiment irrémédiable. Je déborde de projets. Mais en descendant à mon bureau, un appel de mon avocat Michel Zaoui m’a tout à coup arrêté.

Il m’apprend que Clearstream envoie les huissiers pour une saisie sur mes comptes personnels. Environ huit mille euros me sont réclamés. C’est la première fois. C’est à la suite d’une plainte contre une interview tronquée publiée par VSD. Je l’ai déjà écrit sur ce blog. De toutes les galères que je vis depuis que je me suis intéressé au fonctionnement trouble de
Clearstream, cette condamnation est ce que j’ai le plus de mal à accepter. Tant elle est imméritée. Je suis condamné en première instance et pour diffamation alors que je ne me suis pas défendu sur le fond. Cette décision est de plus exécutoire. Ce qui est exceptionnel en matière de diffamation. Même si je fais appel et j’ai fait appel, je dois payer. Il y a généralement même entre des parties violemment opposées une sorte de gentlemen agreement pour attendre le jugement en appel avant d’exécuter un jugement.. Là, l’huissier de Clearstream vient de recevoir l’ordre impératif de me faire payer. N’oublions pas que le chiffre d’affaires de la multinationale s’est élevée à près de vingt milliards d’euros l’an passé…

Cette somme de 8000 euros n’est pas anodine. Les fonds récoltés jusqu’à présent par le comité de soutien (un peu plus de 20 000 euros) ne suffisent pas à régler entièrement les factures qui s’amoncellent en ce moment. Mais cette histoire est d’abord une question de principe et une manière d’expliquer comment s’exerce aujourd’hui la censure.

J’avais interprété le message du tribunal de Paris comme une semonce. Fermez là ou il vous en coûtera… Clearstream et son avocat ont su habilement faire un amalgame entre l’affaire du corbeau qui amuse les journaux français depuis un an et l’affaire Clearstream qui les fatigue par sa complexité supposée. Ma mise en examen récente n’a rien arrangé. Le service juridique de la firme et surtout son service de communication vont pouvoir faire publier (en partie à mes frais) dans des journaux français et étrangers le fait que j’ai été condamné pour avoir dit (à VSD) qu’ils étaient « un poumon
de la finance parallèle ». C’est le but de l’exécution de ce matin. Ils ont intérêt à agir vite. D’où les huissiers et la menace de saisie. Tout cela participe d’une stratégie de communication.

Il suffit de jeter un œil aux annexes de mes livres ou aux listings authentifiés par la firme et publiés dans la presse, de comptabiliser les comptes ouverts dans les 40 paradis fiscaux alimentés par des milliers de clients de Clearstream pour ne pas douter du rôle fondamental joué par ce poumon financier dans ce qu’on peut appeler l’économie grise. Doux
euphémisme. J’évoque ici la seule période sur laquelle j’ai enquêtée, à savoir les années 1990 jusqu’à la fin 2001. Ensuite, je passe la main… Si ces mêmes clients peuvent ouvrir au sein de Clearstream ces comptes (entre 6000 et 7000 selon mes calculs et les listes de 2001) dans ces lieux protégés des regards importuns et faciliter ainsi les transferts de
milliards d’euros en les rendant inaccessibles à tout contrôle, ce n’est pas alimenter une finance parallèle, qu’est ce que c’est ?

Je pose la question. Je ne devrais pas. Là, intervient la censure. Aujourd’hui, le fait de poser cette interrogation légitime et de bon sens fait prendre un risque judiciaire et financier. Ce n’est pas une mais dix plaintes en diffamation de cette nature qui courent en ce moment contre moi, mon éditeur ou la chaîne qui a eu le malheur (ou le courage, c’est selon) de
diffuser mes films... J’ai tout gagné jusqu’à présent sauf ce foutu procès VSD et les deux procès contre mon premier livre et mon premier film où j’ai été condamné deux fois à un euro. Cette situation est un non sens démocratique. C’est une régression. C’est une atteinte intolérable à la liberté d’informer et d’écrire.

Je reçois ces derniers jours, suite aux remous récents suscités par l’affaire du corbeau, des appels de journalistes. Tous me racontent le baratin du chargé de communication de Clearstream qui fait la tournée des rédactions et met en avant cette condamnation. Il prévient que je ne suis « pas fiable », que je suis « seul et de plus en plus isolé », que j’ai «perdu tous mes procès », que je suis « quémandeur d’un accord »… Il envoie complaisamment par fax les pages du dernier jugement… Tous rendent compte qu’un « cordon sanitaire » serait tendu autour de moi. Je sens le souffre. Denis Robert est excessif. C’est un poète. Un Jules Verne de la finance. Je les ennuie, je le comprends. Il préfèreraient que je n’existe pas...

Je sais ce que j’ai vu. Je sais ce que j’ai écrit.

Venons-en à la raison de cette précipitation de la part de Clearstream. Je viens de lire le livre de Jean Louis Gergorin «Rapacités ». La sortie de cet ouvrage n’est pas étrangère, j’en suis persuadé, à la soudaine rapacité
de Clearstream à mon égard.

Ce bouquin, malgré quelques prudences lexicales, est une bénédiction !

L’ex numéro deux d’EADS, ne cherche pas seulement à expliquer son rôle dans la manipulation des listings. Il renvoie la responsabilité du trafic sur son informateur dont on comprend vite qu’il s’agit d’Imad Lahoud. Il développe dans une longue partie édifiante les us et coutumes du milieu –nous sommes dans l’hyperfinance- qui vise à fabriquer des montagnes d’argent noir sur le point de détruire notre tissu économique. Les exemples ne manquent pas et cette lecture est roborative.

Les passages les plus novateurs sont ceux qui concernent Clearstream. Les chapitres 4 à 7. Gergorin raconte qu’il découvre « un instrument extraordinaire de la finance internationale aux capacités pour le moins inquiétantes ». Il cite un ancien directeur du Trésor qui explique "Clearstream facilite la réintégration dans le système financier de fonds
dont il vaut mieux ne pas connaître l'origine".

Il développe, avec précision, les moyens utilisés par la multinationale pour fabriquer cette opacité et la vendre à ses clients. Par exemple, la technique du « nantissement » de comptes qui permet, en toute légalité, de sauter les frontières et d’échapper aux curieux. Dans mes livres (en particulier la boîte noire), j’évoquais les comptes publiés et non publiés,
ou, dans le dernier (Clearstream, l’enquête), les comptes fermés et loués à des tiers. Lui utilise une éclairante métaphore automobile. Devenu par sa fonction de responsable de la stratégie d’Eads un fidèle abonné aux services Internet et Intranet de Clearstream, il peut montrer comment ouvrir des comptes dit « additionnels » qui servent de « véhicules financiers » aux transactions…

"Aux véhicules financiers immatriculés -les comptes principaux- peuvent se voir attelées, en quelques sorte, des remorques sans plaque d’identification visible, puisque les comptes additionnels ne sont pas forcément publiés » écrit-il page 81. Il ajoute que les ayant droit économiques de ces comptes ne sont pas forcément connus de Clearstream, que ces derniers peuvent être «des particuliers ». Et transférer à leur guise des liquidités. Ce qu’a toujours et d’une manière forcenée nié Clearstream.

Toute son explication repose sur des textes récupérés de l’intérieur de la firme. Ses annexes affinent tout ce que nous disons et écrivons depuis plusieurs années.

Gergorin décrit pourquoi ces transactions parallèles ne laissent pas de traces dans la comptabilité de la firme. Il dénombre 11296 comptes additionnels (non publiés) : "Ce n'est pas une mince affaire" poursuit-il avant d’analyser plus précisément un système de comptes qui continuent « à servir des clients avides de discrétion » : « Après 5 mois d'analyse, j'ai acquis la conviction qu'il existe chez Clearstream jusqu'en 2001 et probablement jusqu'en 2004, une catégorie extraordinaire de comptes qu'on pourrait appeler les comptes morts-vivants" assène-t-il ajoutant une couche
supplémentaire dans l'explication que nous donnions de cette invisibilité organisée de la finance internationale.

Au passage, il insiste sur le fait que si Andrew Wang, le fameux intermédiaire de l’affaire des frégates de Taiwan, a fermé ses comptes à l’Union des Banques Suisses pour transférer ailleurs le montant des commissions, et ainsi se faire remarquer, c’est en raison des accusations portées dans noter livre Révélation$. Ces comptes bancaires étaient en effet
tous ouverts à Clearstream.

Je ne peux qu’inviter à lire ce livre, même si Gergorin, et c’est de bonne guerre, est un peu caricatural à mon égard. Mais je m’en moque. C’est la première fois depuis six années que l’affaire est sortie qu’un travail de réflexion et d’enquête est réalisé dans la continuité du nôtre. Ce n’est pas un journaliste qui le fait. C’est l’ancien numéro deux d’Eads. Un énarque. Un haut fonctionnaire qui petit déjeune avec Kissinger, déjeune avec Dominique de Villepin et dîne avec tous les banquiers de la planète.

J’ignore qui a manipulé qui dans l’affaire dite du corbeau, même si le tableau se fait plus précis ces derniers temps, mais je ne vois pas l’intérêt pour Jean Louis Gergorin, du fait de ses casseroles et des risques encourus, de commettre pareil livre aujourd’hui. C’est le signe, à mes yeux, d’une absolue sincérité. D’un retour à l’humain. Ce qui peut paraître paradoxal compte tenu de tout ce qu’on a écrit sur lui.

C’est trop facile aujourd’hui de le renvoyer à son hypothétique folie comme le font Imad Lahoud et les mauvais journalistes. Ceux qui ne réfléchissent pas plus loin que le bout de leur nez ou sont instrumentalisés pour fabriquer des écrans de fumée.

Le jugement VSD et les publications dans la presse de ses attendus qui vont suivre pourront être interprétés de deux manières. Ceux qui ne connaissent rien à ce dossier vont penser à une défaite pour nous. Les autres auront compris que c’est l’annonce d’un énervement manifeste de la multinationale. Le combat continue…

DR (le 7 mars)



5.3.07


Éloge du peuple et de la souplesse

Je viens d’achever la lecture du livre d’Imad Lahoud (Un coupable idéal,
Privé). J’ai relevé, me concernant, 29 mensonges et contre-vérités
flagrantes. Il y en a de minimes et d’énormes. Je n’ai pas envie de
m’étendre. Ce livre est une bouse, mais une bouse intéressante. Pour
déterminer le comportement de certains animaux, les ethnologues travaillent
souvent sur les excréments. C’est le sentiment que j’ai eu en lisant ces
pages. Je comprends que son avocat qui lui ait déconseillé de publier. Je
discerne mieux comment Imad Lahoud a fonctionné et procède pour faire entrer
les faits, souvent têtus, dans son schéma de défense. Et de fuite en avant.
Décrypter la fabrication d’une manipulation revient à trouver la vérité… Si
j’ai fait ce travail de lecture et de réflexion, j’imagine que les juges
l’ont fait aussi. Ses mensonges maintenant sur papier se heurtent au réel.
L’impossible équation de Lahoud doit intégrer ses relations avec moi mais
aussi avec Jean Louis Gergorin et le général Rondot (et ses carnets). Je
sais maintenant à quel point ce type est capable de tout, y compris cracher
dans la main de ceux qui l’ont aidé. Je pense à Rondot mais surtout à
Gergorin, l’ex numéro deux d’Eads. La juxtaposition de nos trois témoignages
rend impossible celui de Lahoud. Tout simplement.

Ce même Gergorin sort aussi un livre (Rapacités, chez Fayard). Si j’en crois
le site de l’Obs, il reprend en les affinant certaines thèses développées
dans mes livres. Enfin une suite… J’y reviendrai après lecture. Je note que
son départ d’Eads a sonné l’air du capharnaüm. Forgeard a été viré. Des
russes sont entrés dans le capital. Airbus s’est fait gratter par Boeing. On
commence à licencier. Et c’est loin d’être fini…

La campagne électorale devrait noyer Eads et cette histoire de corbeau et de
listings dont tout le monde dit qu’elle est compliquée. Je la trouve de plus
en plus lumineuse. Relevons ce paradoxe : plus une affaire est médiatisée,
moins le public est informé. Aujourd’hui que la pression judiciaire est
temporairement retombée et que ces livres sortent, on pourrait plus
facilement trouver la clé et dire les rôles joués par les uns et les autres…
Mais tout le monde, à commencer par les journalistes, semble s’en moquer.
Elle noie tout cette campagne. A commencer par les ardeurs judiciaires et
médiatiques. Le PS devrait pourtant se saisir de cette affaire, surtout
qu’ils n’ont rien à se reprocher. Elle met en exergue plusieurs fléaux : la
censure, les combines de la droite chiraquienne et les rétrocombines de la
droite sarkosyste, l’évasion de capitaux et l’absence de contrôle bancaire,
les paradis fiscaux et les rétrocommissions des frégates… Le peuple, puisque
Ségolène s’en réfère aujourd’hui (« je n’ai de compte à rendre qu’au peuple
» clame-t-elle sans rire), est passionné par ces histoires. Il a envie qu’on
l’informe et qu’on le défende sur ce terrain. Il a horreur qu’on se moque de
lui. Et il a de la mémoire. Le peuple…

La date du concert de soutien est fixée au 17 avril à la Cigale. A
l’affiche, Miossec, Didier Super, Katerine, Moustic, Delépine et les
Grolandais, peut être Bedos et d’autres. Je suis très heureux de cette
initiative. Les frais de procédures continuent à tomber. J’ai entrepris
auprès de Clearstream une démarche pacifiante. Je sais qu’à long terme, à
coups de procès, d’appels et de pourvois, ils sont les plus forts. Ça ne me
dérange pas d’être le plus faible. Ce qui me dérange c’est le temps et
l’énergie que ça me prend. Et cette solitude face à l’adversité. Les Chinois
disent que pour lutter contre ce qui est dur et fort, il faut être souple et
liquide. Je vais boire un coup à notre santé. Tout va bien puisque nous
sommes vivants. Et eux déjà morts.

DR (2 mars)