27.9.06

Le 5 octobre en librairie


L’idée de ce livre est née en mars 2006, quand Philippe Besson a publié un faux roman dans lequel il prenait la voix de Christine Villemin pour donner sa vision de l’affaire de la Vologne. Il pleurait à sa place au cimetière. Il racontait son histoire d’amour à sa place avec Jean Marie Villemin. L’écrivain était sincère dans son obsession à vouloir dire « je ». Il se sentait autorisé à reconstruire le drame avec des mots léchés, des phrases en suspens. Je me suis exprimé plutôt violemment dans la presse pour dire ce je pensais de l’initiative. Qui étais-je pour faire de la morale ? Ce livre est né là. C’est une histoire brute. Brutale. Non reconstruite. Elle est destinée à ceux qui se souviennent de ce qui s’est passé au bord de la Vologne et à ceux qui ne se doutent de rien. J’ai repris mes articles de Libération et les autres. En relisant, je me suis remis dans les états dans lesquels j’étais à cette période. J’ai demandé à mon copain Denis Mousty de retrouver des photos d’époque. On y sent cette frénésie, ce climat de mise à mort. J’ai appris le journalisme au bord de la Vologne. Je l’ai désappris aussi. Je voulais aussi montrer que le type qui écrit "la domination du monde" a appris "le métier" vingt ans plus tôt en grattant sur la mort d'un enfant... C’est sous la ligne bleue des Vosges que tout s’est joué pour moi entre 1984 et 1985. Un stage de formation ultra-intensif. J’ai été pris dans un shaker médiatico-judiciaire dont je ne suis pas sorti indemne. Même si, contrairement à d’autres, j’en suis sorti… On m’avait souvent demandé d’écrire là dessus. Des scénarios, des livres, des adaptations. J’avais toujours refusé. Comme s’il y avait une période de deuil à observer. Comme si je craignais un nouvel embrasement. Une autre raison me bloquait. Quand la réalité dépasse la fiction, inutile de lui courir après. Autant la restituer sans tricher. Histoire de dire aux autres : voyez par où nous sommes passés…
DR

22.9.06


Denis Robert en signature, ce soir, au deuxième festival du film Grolandais.
À Quend-Plage en Picardie (du 22 au 24 septembre).

13.9.06


Des nouvelles de nos amis du Luxembourg...

Clearstream, la gentille chambre de compensation luxembourgeoise, vient de
se rappeler à mon bon souvenir... Cette fois, c'est au Luxembourg, ce
merveilleux pays que je suis poursuivi... C'est à propos de mon livre
Clearstream, l'enquête... Ils m'ont fait un prix d'ami... 100 000 euros...
à bientôt...
Denis

7.9.06





DOMINATIONS, OU L'ART DU COMBAT
V
ous démarrez une toile par un croquis, une silhouette, une tâche, vous couvrez le tout par un aplat. Puis un autre. Personne ne connaîtra ces aspérités. C’est ce qui fait l’épaisseur d’une toile. Celui qui regarde ne le voit pas, il le sent. Pareil pour les livres. Je m’inspire de ce que je vis. Je retravaille, je malaxe. Je recouvre. J’enlève. Je replace. Je ne sais jamais ce que sera l’objet final. Le monde, ensuite, se charge de classer l’objet dans une case. Roman, essai, beaux livres. Moches livres. […] Qui nous domine? Pourquoi l'accepte-t-on? En quoi l’information est instrument de domination ? J'avais des embryons de réponses. La question principale, celle qui me paralysait, était: à quoi doit servir un écrivain aujourd'hui ? Un écrivain ballotté entre réel et fiction ne doit servir à rien. Je sais. Un peintre non plus. Mais si l'on ne devait trouver qu'une seule utilité, laquelle ? Insistons... Tout au fond de lui, un écrivain se sait utile aux autres, sinon ce n’est même pas la peine qu’il continue. Oui, mais utile à quoi ? Disons à les aider à découvrir un monde qu’ils n’ont pas pris le temps de voir. Son monde… Et un peintre? Un peintre, pareil. Il devrait faire des toiles comme celles de Philippe Pasquet. […] Pendant que j’écrivais « La domination du monde » et que j’étais l’objet de surveillance et de sollicitations de divers agents nocifs –flics, espions, magistrats, entourages politiques-, pendant ces années d'écriture et de gamberge, nous nous sommes beaucoup vus. Philippe venait à mon atelier. J'allais à son bureau. Je m'asseyais sur ses chaises inconfortables en sirotant de la mirabelle chaude. Il se vautrait dans ma moleskine en liquidant mon bourbon glacé. Je lui parlais d' images qui me hantaient. Je griffonnais quelques lignes. Il s'y mettait souvent seul après que je sois parti. Parfois, je posais une petite griffe quelque part. Parfois rien. […] Ces tableaux sont autant d'images qui disent le combat d'un homme face à un monde qui cherche à le dominer. La littérature, comme la peinture, peuvent faire brutalement entrer dans une autre dimension. Les toiles comme les livres doivent être des fenêtres et des barrages. Les fenêtres nous ouvrent à de nouvelles représentations. Les barrages aident à lutter contre la houle des idées reçues et des images convenues.
Ce livre existe. C’est un livre de Kombart. Il dit notre confrontation au réel. Il préfigure de futures expositions et rencontres dans des galeries et des librairies. Au moment où je gratte ces lignes, nous mettons une dernière main à une série de toiles explosives que nous allons appeler « Recel de vol ». La première exposition devrait avoir lieu bientôt à Paris dans une galerie comme inventée pour nous. La Bank. C’est son nom. Ne pas se prendre au sérieux, sourire et savoir cogner quand la situation l’exige. C’est notre manière de résister. On n’a pas dit notre dernier mot.
Denis Robert

4.9.06



Une lettre inamicale de DDV...