17.1.08

Two questions.

Mais pourquoi, une compagnie pétrolière comme Shella-t-elle des comptes à Clearstream?
ou un groupe comme Daewoo?

11 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Pourquoi pas?

Les grands groupes ont aussi des directions financieres qui centralisent les differents flux monetaires de l'entreprise et optimisent la tresorerie de la boite. Cela permet par exemple de gerer au mieux le risque de change lorsqu'on opere dans plusieurs pays avec des monnaies differentes, comme c'est le cas pour Shell et Daewoo. Un compte dans une chambre de compensation come Clearstream permet a la direction financiere de la multinationale de gerer ca en direct, sans passer par une banque (qui charge des frais supplementaires pour ce genre de services). Rien de bien etonnant donc...

Les petites phrases, genre "tiens tiens, ils ont un compte...comme c'est bizzarre..." C'est un peu facile non?

09:11  
Anonymous Anonyme said...

On ne demande pas grand chose. Juste un (réel) contrôle du secteur. Ca lèvera les doutes une bonnes fois pour toutes. (C'est un peu facile de critiquer l'auteur en soulignant par des évidences qui, en ce qui concerne Unilever, deawoo, darlton, n'en sont pas. A l'époque, la banque luxembourgeoise n'avait pas l'autorisation de compter parmi ses clients des entreprises sans vocations bancaires.

1,5 trillions d'euros qui passent inaperçu aux yeux des contrôleurs financiers. Rien de bien étonnant donc.

Il y a un chouette ouvrage à lire. Ca s'appelle "Le roi est nu". C'est l'histoire d'un souverain qui se balade à poil et un type en peu curieux se lève un matin et hurle que le roi est nu. Mais personne ne veut voir. A la fin du bouleversant récit, c'est ce type un peu trop observateur qu'on juge.

Curieusement, ce n'est pas ce type qu'on juge que je plains, mais tout ceux qui restent persuadé que le sourire du roi n'est pas le signe qu'il se paie leurs têtes.

Finalement, je ne sais plus s'il existe cet ouvrage...celui avec le roi mais à observer le nombre de fidèles, je me demande.

grosses bises
y

10:40  
Anonymous Anonyme said...

Daewoo securities est une branche bancaire et financière du mégamachin qu'est Daewoo.
M.

11:22  
Anonymous Anonyme said...

réponse destinée à Fabien :

avant de poster, il faudrait peut etre t interesser au sujet. ca t éviterait de passer pour un cake

définition d une chambre de compensation (trouvée sur Wikipédia) et CLEARSTREAM est une chambre de compensation

"Un organisme, dit chambre de compensation (clearing house en anglais) sert de méta-banque afin de garantir la transaction. Le but du mécanisme étant de rassembler tous les acteurs financiers au sein d'un système unifié. Au lieu d'avoir n interlocuteurs, un organisme dispose d'un seul et unique point de contact qui sert de contrepartie dans les transactions.

En France, la Banque de France sert de chambre de compensation pour toutes les transactions entre banques françaises, notamment l'encaissement des chèques de banque à banque."

autres définition :
"CHAMBRE DE COMPENSATION, n. f.
Domaine : finances.

Définition : organisme chargé d'assurer la compensation des soldes créditeurs entre banques.
"
---------------

Donc, les entreprises privées ne doivent pas avoir de comptes chez eux, puisque la fonction d une chambre de compensation est seulement de facilité les transaction entre banques

17:44  
Anonymous Anonyme said...

Alors je vais revenir sur mes evidences qui n'en sont pas...

Les directions financieres, dans des groupes de la taille de Daewoo et Shell sont souvent fillialisees. Elles ont une vocation purement financiere, puisqu'elles allouent les ressources monetaires du groupes entre les differentes filliales (empruntant a certaines pour preter a d'autres...). Elles travaillent egalement avec de nombreux etablissements bancaires pour la gestion de leur tresorerie. Etant donne la nature de leur activite, legalement rien ne s'oppose (meme a l'epoque des ces listing) a ce que ces filliales aient un compte dans une chambre de compensation.

Suite au commentaire de Y, j'aimerais clarifier ma position et la nature de mes commentaires. J'ai lu certains livres de Denis Robert et je soutiens TOTALEMENT son combat pour plus de transparence et de controle sur les flux financiers internationaux. Je ne crois pas etre naif sur le sujet, travaillant moi-meme au coeur de ce systeme.

Face a la force de frappe juridique des institutions auxquelles Denis Robert s'attaque, il me semble juste important d'employer les armes adequates et de ne pas tomber dans la facilite.

Les sous-entendus du genre "tiens tiens, ils ont un compte chez Clearstream, ce sont surement des pourris!" non-seulement ne tiennent pas la route, mais offrent en plus un angle d'attaque juridique evident a ses adversaires. Afin que ce combat ne soit pas voue a l'echec, il me semble necessaire de denoncer des fais precis (de relever precisemment certaines transactions frauduleuses par exemple, comme c'est le cas parfois dans Revelation$), plutot que d'entretenir une espece de theorie du complot fumeuse et a long-terme inefficace

Si seul le roi est nu, il ne sert a rien de pointer du doigt toute l'aristocratie...

Cordialement

03:42  
Anonymous Anonyme said...

Cher Neuneu

Je me permet de vous inviter a re-lire mon post precedent (je n'avais encore eu la chance de lire le votre au moment ou je l'ai ecrit).

Les chambres de compensation offrent un service de "netting" entre des organismes financiers dont l'activite principale est la gestion de flux financiers. J'ai souligne dans mon post precedent (le post de M. va d'ailleurs dans le meme sens) que la plupart des grandes multinationales avaient des filliales de cette nature, ce qui justifiait l'ouverture d'un compte dans une chambre de compensation.

Banques / organismes financiers..ce n'est en fait qu'une question de vocabulaire. Pour clore ce debat, je vous invite a mon tour a vous pencher sur les statuts de Clearstream (ou d'Euroclear par exemple) et d'y lire precisemment quels types d'etablissements sont elligibles pour l'ouverture d'un compte. Peut-etre pourrons nous reprendre cette conversation ensuite?

Pour conclure, j'avoue, je n'ai pas lu la definition de "Chambre de Compensation" sur Wikipedia...avec toute l'arrogance qui me caracterise j'ai betement cru que 10 ans d'experience professionelle dans ce secteur suffirait. Quelle erreur!
Donc voila c'est chose faite, j'aime meme lu la version anglaise(Clearing House): http://en.wikipedia.org/wiki/Clearing_house_%28finance%29
Je n'y vois nulle part l'obligation pour les detenteurs de comptes, d'etre des banques...

C'est surement moi le neuneu en fait...

Cordialement

10:40  
Anonymous Anonyme said...

vu sur http://www.lecourrier.ch/index.php?name=News&file=article&sid=3507

BLANCHIMENT - Le Ministère public de la Confédération enquête sur l'activité de Cedel Genève, une succursale liée à la chambre de compensation controversée Clearstream. But enregistré au registre du commerce: «Investissement des liquidités excédentaires». Un libellé qui attire d'autant plus la suspicion qu'il concerne l'activité de la succursale genevoise de Cedel International, société qui chapeautait la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream: une «boîte noire» de la finance qui brasse chaque année quelque 50000 milliards d'euros. Depuis 2001, Clearstream est sous enquête au Grand Duché, suspectée de blanchiment d'argent sale. A l'époque, trois responsables de la société avaient été licenciés, dont le PDG André Lussi. Il y a quelques jours, on apprenait l'inculpation de l'ancien patron de Clearstream au Luxembourg. La crise a eu également un autre effet: le rachat de Cedel et Clearstream en juillet 2002 par Deutsche Börse.

UNE SUCCURSALE FANTÔME

La création de la filiale genevoise de Cedel remonte à août 2000. La société ne sera radiée du registre du commerce que le 13 juillet 2003, soit peu après le dépôt de la plainte. Autre fait curieux, le rapport d'activité 2002 de Deutsche Börse mentionne toutes les acquisitions du groupe, mais omet de citer l'existence de la succursale genevoise. Et, interrogé sur cette maison fille en avril 2003, Clearstream répond par l'entremise de son porte-parole Payam Rowhani que «Cedel international [...] n'a jamais eu de filiale genevoise.»
Des faits assez suspects pour qu'Ernest Backes –ancien employé de Cedel et coauteur avec le journaliste Denis Robert d'un livre accusant Clearstream– et André Strebel –expert en économie– dénoncent Cedel Genève au Ministère public de la Confédération.
«Nous avons effectivement ouvert une enquête pénale et envoyé une commission rogatoire au Luxembourg», confirme Andrea Sadecky, porte-parole du Ministère public. Nous n'en saurons pas plus de ce côté, la procédure étant toujours en cours.


DOCUMENT CONFIDENTIEL

Reste le contenu de la plainte elle-même. Selon le texte, le procureur luxembourgeois chargé de la lutte anti-blanchiment, Carlos Zeyen, aurait affirmé que l'enquête a pu démontrer le transfert injustifié par Cedel international de plusieurs millions d'euros vers l'île de Jersey, un paradis fiscal.
André Strebel avance, quant à lui, l'hypothèse suivante: «Lorsque les premières accusations de blanchiment ont été émises, au printemps 2000, les anciens dirigeants de Cedel/Clearstream se sont empressés de transférer ces fonds à Jersey, puis de les rapatrier vers la succursale genevoise de Cedel.» Il se trouve en effet que cette dernière était domiciliée au siège de la succursale d'une autre société, active à Jersey, Soditic Finance Limited (aujourd'hui liquidée). Au centre de l'accusation se trouve une personne, Edgar Baumann, qui cumulait alors les charges de directeur des deux succursales de Cedel et de Soditic. En outre, un document confidentiel en main de l'accusation, le rapport de management 2001 de Cedel international, mentionne la gestion par la banque Merrill Lynch, via Cedel Genève, d'un capital de 173 millions d'euros.


UN ACCUSÉ QUI S'IGNORE

Joint à son bureau chez Soditic SA, Edgar Baumann tombe des nues. Il ne sait rien de la procédure pénale. La plainte ne lui a pas été notifiée. Pourquoi? Aucun commentaire ne nous sera fait à ce sujet par la porte-parole du Ministère public.
Edgar Baumann s'explique: «J'étais le directeur et le seul employé de Cedel Genève.» Un bureau, un ordinateur, un téléphone, c'est tout. «Je ne faisais que comptabiliser les transactions, fournir des conseils sur la fiscalité et les lois suisses. Les fonds étaient gérés par une banque.» Merrill Lynch? «Effectivement.» Selon M.Baumann, il n'y a cependant eu aucune transaction financière entre les deux sociétés dont il assurait la direction. Il poursuit: «La fin de l'activité effective de Cedel Genève remonte à fin 2002. A cette date, les fonds ont été retournés à la maison mère.»
Au Luxembourg, le substitut du procureur Carlos Zeyen répond avec la prudence de mise pour les affaires en cours. Il n'est catégorique que sur un point: «Je n'ai pas pu affirmer, comme mentionné dans la plainte, l'existence d'un transfert suspect vers Jersey. De toute façon, ce serait couvert par le secret de l'instruction.» Il mentionne également qu'aucune raison précise ne l'a amené pour l'instant à s'intéresser à la succursale genevoise de Cedel.
Toute l'affaire revient en somme à une question: quelle est l'origine des «liquidités excédentaires» placée durant un temps, via un prête-nom, à Genève. Edgar Baumann fournit sa propre hypothèse: «Je suppose que ces fonds provenaient des dividendes qui remontaient des sociétés de la holding Cedel international. Cette dernière n'ayant pas d'activité propre, elle pouvait placer cet argent.» Pour les dépositaires de la plainte, il ne fait pas de doute que ces «liquidités» sont d'origine criminelle: corruptions, détournements, trafics... L'enquête tranchera.

14:17  
Anonymous Anonyme said...

Vu sur http://automatesintelligent.blog.lemonde.fr/automatesintelligent/2006/05/laffaire_clears.html

Ceci dit, progressivement, des banques, notamment allemandes, ont progressivement demandé à Clearstream d’instaurer un système de comptes non-publiés afin de faciliter les compensations entre leurs filiales distinctes. Là encore, il n’y a rien de juridiquement anormal compte-tenu de la tolérance générale manifestée à l’égard du secret bancaire, notamment dans les pays européens. Dans les années 1980, ce système de comptes non-publiés a été généralisé pour les mouvements interbancaires en général. Est-on encore dans la légalité? C’est plus douteux. Mais surtout, Clearstream a commencé à accueillir des entreprises parmi ses clients. On voit l’intérêt et le danger de telles procédures pour les conseils d’administration souhaitant échapper à la curiosité des administrations fiscales nationales et de leurs propres actionnaires. La non-transparence, renforcée par l’informatisation, devient alors la règle. Mais, comme dans le domaine du secret bancaire, beaucoup d’entreprises enregistrées dans les Etats nationaux et travaillant au niveau international prétendent que ces processus discrets sont indispensables à leur survie face à la concurrence, notamment américaine et asiatique, les gouvernements ne sont pas pressés d’agir. Aucune législation n’interdit d’ailleurs aux entreprises de créer des filiales délocalisées dans les paradis fiscaux, échappant aux réglementations nationales et ne publiant pas leurs comptes. En 1996, Clearstream a obtenu sa licence bancaire.

Mais un pas de plus dans la voie de la dérive est ce faisant rendu possible. Il s’agit de la faculté, via des entreprises et des banques pratiquant le recyclage des bénéfices des opérations financières criminelles, d’utiliser les possibilités de discrétion et de non-transparence ainsi offertes pour financer des investissements légaux dans des pays peu curieux de l’origine des fonds. Il s’agit d’une dérive du système, qu’Ernest Backes, responsable de l’informatique de Cedel International devenu Clearstream jusqu’en en 1983 et licencié à cette date avait dénoncé auprès notamment de Denis Robert. Il lui avait confié des listings informatiques qu’il avait conservés, censés donner la preuve de mouvements de fonds douteux. Ces documents décriraient une « lessiveuse d’argent sale » dans laquelle tremperaient des dizaines de grandes banques internationales. Le système, bien que techniquement complexe, se fonderait sur le mécanisme simple des circuits occultes intéressant les comptes non-publiés. Rien n’empêche par ailleurs dans ces conditions à telle ou telle entreprise, telle ou telle banque, ou l’organisme de compensation lui-même, de verser des sommes non prises en compte dans les comptabilités à des hommes politiques ou patrons d’entreprise dont on veut acquérir la complicité. Il s’agit d’un mécanisme pratiquement indétectable de corruption. Certes, l’informatique peut en principe garder trace de tout, mais encore faut-il sauver et rendre disponible le contenu des mémoires.

Ernest Backes et Denis Robert ont été entendus par la commission parlementaire française précitée, présidée par Vincent Peillon et Arnaud Montebourg. Mais cette commission n’a pas eu les moyens de tirer ces accusations au clair. Pendant ce temps, Clearstream et diverses banques ne sont pas restées inactives. Elles ont déposé des plaintes en justice, en se défendant de toutes opérations de blanchiment. Un non lieu a été prononcé au Luxembourg. Ces soupçons n’ont pas par ailleurs empêché Clearstream, comme ses quelques homologues, de prospérer. On cite des chiffres «astronomiques» concernant le nombre des comptes enregistrés et le montant des transactions transitant par Clearstream. Nous ne les reprendrons pas ici faute de données précises, mais il s’agit de totaux dépassant largement la somme des budgets des Etats nationaux. Ainsi, l’essentiel des mouvements financiers intéressant la planète relève dorénavant de tels systèmes, dont tout opérateur souhaitant la discrétion peut profiter, y compris les maffias et les organisations terroristes. On retiendra en effet, selon une évaluation présentée par le juge Van Ruymbeque lors de l’émission de France 2 Envoyé Spécial diffusée le 11 mai 2006, que la moitié environ des transactions effectuées par ces centrales de compensation échappe à toute traçabilité. Toutes ne sont pas sans doute criminelles ou frauduleuses, mais le doute néanmoins s’impose. Le FMI, pour sa part, évalue de 700 à 1750 milliards d’euros l’argent plus ou moins sale circulant entre les paradis fiscaux, les places financières et les banques 2). Il y a là quelque chose de particulièrement malsain, qui aurait du faire condamner depuis longtemps les pratiques du secret bancaire et de l’anonymat.

Faut-il considérer que les mécanismes ainsi mis en place sont incontournables, y compris avec les risques de fraude et de corruption qu’ils entraînent?

Un moraliste intransigeant répondra à la question ici posée par la négative. Mais nous sommes obligés ici de rester réalistes. L’essence de la mondialisation économique et financière, souvent dénoncées mais contre laquelle nulle autorité nationale ou internationale ne fait rien pour le moment, repose sur de tels systèmes. Comme toujours en matière de mondialisation et de délocalisation, c’est la possibilité qu’ont juridiquement les entreprises nationales de créer des filiales dans des pays peu regardants qui paralyse pratiquement des réglementations et des contrôles décidés au plan de tel Etat individuel ou même d’une organisation régionale comme l’Union européenne. Il faudrait un consensus universel, par exemple à l’ONU, pour imposer officiellement la transparence, à partir de règles comptables communes et de corps de contrôles eux-mêmes placés sous le regard des opinions publiques. Inutile d’y songer pour le moment, du fait de la volonté de divers Etats peu regardants, y compris parmi les plus grands, de protéger les opérations de leurs ressortissants.

On voit en particulier que beaucoup d’intérêts économiques et stratégiques liés aux industriels européens utilisent pour résister à la concurrence les possibilités offertes par les comptes non-publiés. Vouloir interdire ces opérations en Europe serait présentés comme suicidaire. Ceci d’autant plus que les activités maffieuses et de corruption où l’Europe malheureusement est aussi experte que les Etats-Unis et les pays émergents, trouveraient instantanément d’autres voies pour se poursuivre.

Denis Robert a donc raison à cet égard de parler d’un système de domination du monde, depuis longtemps en place et n’ayant aucune volonté de s’effacer. Les adversaires de la mondialisation dénoncent généralement la domination des grandes entreprises transnationales, américaines et bientôt chinoises ou indiennes. On dénonce aussi les groupements d’intérêts militaro-industriels et politiques. Mais ces actions, sauf lorsqu’elles font l’objet de mesures couvertes par le secret militaire (covert) sont le plus souvent de nature matérielle et non virtuelle. Elles produisent des biens et services relativement identifiables, utilisant des technologies traditionnelles ou émergentes sur lesquelles il est possible d’imposer (ou tenter d’imposer) des normes d’intérêt général. En revanche, la contrepartie de ces opérations, et surtout les transactions financières auxquelles elles donnent lieu, ainsi bien entendu que les innombrables activités de spéculation échappant à tout support matériel, constituent le terrain où s’exercent les véritables dominations. Les bénéficiaires de celles-ci sont discrets, souvent anonymes, mais exercent le pouvoir effectif. Ce sont eux qui maîtrisent le destin futur du monde, y compris pour le pire : épuisement des ressources de la planète, destruction des sociétés et cultures traditionnelles, généralisation des conflits. En termes systémiques, on dira qu’ils agissent de façon collective, sans être nécessairement conscients des effets globaux de ce qu’ils font. Ils en sont d’autant plus dangereux.

Faut-il donc renoncer à toute transparence et à toute régulation, dans les domaines pourtant essentiels à l’avenir du monde ?

On peut prétendre que les opérations occultes permises par les mécanismes de la finance internationale mondialisée sont relativement limitées, quantitativement et qualitativement. Les scandales déstabilisants et les affaires d’Etat sont encore plus rares. On fera valoir par ailleurs que l’argent sale ne s’intéresse en général qu’aux investissements sans grand intérêt stratégique, tels qu’en matière de tourisme ou d’aménagement du territoire. Le terrorisme pour sa part n’a pas besoin de fonds énormes pour opérer. Les corruptions et corrupteurs sont finalement peu nombreux et le deviendront sans doute de plus en plus, vu l’hostilité qu’ils font naître, y compris dans des pays où la corruption est encore quasi institutionnelle. Faut-il en ce cas attacher, dans notre pays et accessoirement en Europe, tant d’importance à une affaire telle que l’affaire supposée Clearstream, telle que nous l’avons résumée ci-dessus ?

Nous répondrons pour notre part que l’émotion de l’opinion publique est justifiée pour une raison tenant à l’attachement justifié que nous avons à l’égard de nos institutions politiques et administratives. Le bon fonctionnement de la démocratie politique et des grands services publics est en effet une chose fragile, constamment menacée. Tout ce qui peut, à tort ou à raison, décrédibiliser la confiance apportée globalement par les citoyens aux institutions, que ce soit en France, dans les autres Etats européens ou pour ce qui la concerne au sein de l’Union européenne, est lourd de déstabilisation potentielle, risquant de provoquer un retour au populisme ou aux dictatures. C’est ce risque qu’évoque plus particulièrement, comme nous l’avons vu plus haut, l’affaire dans l’affaire dite Clearstream2. Le passé a amplement démontré, à l’occasion de l’instruction du procès dit des «frégates de Taiwan», comme dans d’autres cas analogues, les difficultés auxquelles se heurtent les institutions judiciaires, en l’absence d’une volonté politique forte, à démêler les scandales petits et grands impliquant des intérêts politiques. Des juges d’instruction isolés, sans moyens, sans soutiens, peuvent se lasser ou encourager des méthodes juridiquement incorrectes mais bien excusables comme les confidences à la presse ou les dénonciations anonymes. Ecrivant ceci, nous ne nous permettons pas de faire allusion au juge d’instruction particulier qui a été en charge d’une partie du dossier Clearstream. Ce juge, selon nous, a honoré et continue d’honorer la magistrature française. Nous pensons à l’ensemble de la procédure de l’instruction à la française, dont on a vu les faillites précédentes avec les démissions ou les retraits de juges tout aussi honorables. Mais, comme l’avait bien montré l’appel dit de Genève des magistrats en charge de la lutte contre la criminalité économique, les autres institutions judiciaires européennes ne sont guère mieux loties.

A cet aspect judiciaire de l’affaire initiale s’est ajouté ce que l’on sait, et que nous ne commenterons pas davantage faute d’éléments originaux à notre disposition, c’est-à-dire les soupçons exprimés à l’égard de divers responsables politiques actuels, concernant la volonté supposée de calomnier tel ou tel homologue ou d’utiliser les services de renseignements pour instrumentaliser - ou au contraire étouffer - l’affaire. Si ceci s’avérait juste, ce serait sans doute aussi grave que des scandales ayant précédemment fait plus ou moins de bruit et ayant impliqué, sinon discrédité en partie des majorités ou des gouvernements précédents. Pourrait-on dire en ce cas que l’on ne peut rien faire pour lutter contre de telles dérives? Certainement pas. Dans un système parlementaire digne de ce nom, ce serait au Parlement, soutenu le cas échéant par les médias et l’opinion publique, de mener lui-même les enquêtes nécessaires, et de prendre si besoin était les sanctions politiques s’imposant. On peut penser que c’est ce qui se serait produit chez nos voisins, y compris en Italie où l’on connaît cependant les difficultés de la lutte contre les maffias. Aux Etats-Unis, on évoquera le précédent du Watergate, qui s’est bien terminé puisque le responsable principal, le président Nixon, a été conduit à démissionner. Tout ceci justifierait que nos concitoyens fassent pression sur leurs représentants pour qu’ils tirent au clair l’affaire Clearstream2. 3)

Que penser dans ces conditions du rôle joué par les journalistes d’investigation et la presse, quand les uns et les autres jugent bon de porter le fer dans des plaies supposées ? L’opinion doit-elle aller plus loin et encourager les dénonciations, même anonymes, pouvant être le fait de « repentirs » ou de vengeances personnelles ?

Nous répondrons que sans ces initiatives, souvent risquées (on sait le nombre de gens qui y ont perdu la vie, au sein des médias ou de leurs informateurs, en France comme ailleurs), il n’y aurait plus de démocratie du tout. Les journalistes d’investigations sont souvent présentés comme des têtes brûlées ou des manipulateurs-manipulés. Mais si les lois déjà trop laxistes et difficiles à appliquer n’étaient pas, parfois, relayées par leurs enquêtes, c’en serait fini de toutes libertés publiques et morales collectives. La seule limite aux tentations de corruption et de détournement de pouvoir, qui sont innombrables, est que les éventuelles personnes qui en seraient tentées puissent craindre d’être un jour dénoncées et de voir leurs carrières ruinées.

Certes, il ne faut pas prendre toutes les accusations ou révélations au pied de la lettre. Il appartient aux médias, en amont des procédures judiciaires, de vérifier les sources s’ils veulent les rendre publiques. Le même devoir s’impose à l’égard de tous les blogueurs se voulant sérieux qui constituent désormais une part importante de la vox populi. S’ils n’ont pas les moyens de la grande presse pour conforter leurs affirmations, notamment quand elles pourraient mettre en cause des personnes bien identifiées, ils doivent alors faire preuve d’une prudence redoublée. C’est ce que pour notre part nous nous sommes efforcés de faire dans ce trop court article, renvoyant le lecteur pour la suite à ses sources d’information habituelles. 11/05/06

(1) Si l’on pouvait plaisanter sur de tels sujets, nous noterons à l’intention des non-anglophones que la composante Clear présente dans les noms des deux organismes cités ne signifie pas que ceux-ci se font un devoir de clarté, mais que leur rôle est de procéder aux compensations (clearing en anglais).
(2) Note au 23/05. Depuis la rédaction de cet article, Le Monde a publié un dossier bien documenté sur la circulation de l’argent sale et, entre autres, le rôle vraisemblable de Clearstream. Voir Le Monde Economie, 23 mai 2006 http://abonnes.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-774425,0.html et autres articles.
(3) Note au 23/05. Malheureusement, le débat de la motion de censure qui vient d’être déposée par le Parti socialiste devant le Parlement n’a guère éclairé les circonstances de l’affaire.
(article de Jean-Paul Baquiast 11/05/06, modifiée au 24/05/06)

14:22  
Blogger laurent schreiner said...

Bonjour je m'incruste ici car je n'ai pas trouvé de mail de contact sur votre blog. Je suis en train de réaliser dans le cadre de mes études un blog sur Clearstream. Ce dernier ne se veut pas forcément exhaustif et consiste surtout à synthétiser les informations générales sur l'affaire. J'aimerai avoir votre autorisation pour recopier certaines parties du texte de ce blog. Merci

L'adresse est : http://clearstream-info.blogspot.com/

22:06  
Anonymous Anonyme said...

L'heure des petits calculs !

Discours de N. Sarkozy, voeux au corps diplomatique (18 janvier 2008)

"Le moment est venu pour les principaux acteurs, anciens et nouveaux, d’une concertation étroite et discrète pour traiter sérieusement les deux grandes faiblesses du système international actuel : la relation entre les principales monnaies dont le déséquilibre persistant est dangereux pour tous ; et l’absence de transparence et de règles suffisamment contraignantes pour les fonds et produits financiers qui peuvent être, en cas d’accident, une menace grave pour le monde entier."

08:43  
Anonymous Anonyme said...

si ces dénonciations sont dangeureuses pour un systeme qui implique la mafia et autres,pourquoi les empecheurs de tourner en rond que vous etes ne sont pas simplement éliminés dans de tragiques et regretables accidents.
on en a vu d'autres!

21:57  

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