14.9.07

Un milliard à l’ombre



L’actualité réserve des surprises. L’affaire Siemens explose en ce moment outre-Rhin. Plusieurs sites d’informations viennent de révéler que des enquêteurs du FBI et de la SEC l’autorité boursière américaine ( http://www.lalibre.be/article.phtml?id=3&subid=85&art_id=366868)
se sont rendus à Munich pour rencontrer les magistrats chargés d’enquêter sur la multinationale germanique. Ces enquêteurs souhaitent collaborer à l’établissement de preuves de transactions visant au truquage de marchés passés par Siemens sur le territoire américain.

Rappelons que l’Etat-major de Siemens est poursuivi à Francfort, Munich, Darmstadt pour avoir distribué plus d’un milliard d’euros de pots de vin dans une dizaine de pays afin de gagner des marchés à l’export. Construction de centrales électriques, marchés de télécommunication, fabrication de TGV, Siemens a réalisé 87 milliards d’euros de chiffre d’affaires l’an passé et emploie 500 000 personnes.

Parmi les éléments fournis par les agents US, selon plusieurs sites d’informations américains (http://ipsnews.net/news.asp?idnews=39085), devraient figurer des listings de Clearstream où le nom de Siemens apparaît. On n’est plus ici dans les petites histoires de corbeau à deux balles et de vieille star poivre et sel qui se pavane à la galerie financière de Paris. On est dans le dur, le pognon, les affaires. Comment Siemens a réussi à ouvrir un puis deux, puis dix comptes à Clearstream alors que la firme n’avait pas le statut de banque ? Pourquoi Siemens ne les aurait pas utiliser pour régler ses commissions ? Pourquoi Clearstream a-t-elle autorisé leurs ouvertures ?

On touche au cœur de ce que j’ai dénoncé dans mes livres. Les passe-droits. La finance parallèle. La dissimulation. Là où aucune justice ne veut ou ne peut mettre son nez. Là où le Luxembourg, siège historique de Clearstream, exhibe le secret bancaire comme inaliénable. La raison pour laquelle tout le monde (ou presque) me demande de jeter l’éponge.

Je ne sais pas ce que Siemens a fait de ses comptes discrets à Clearstream. Ces comptes existaient et personne (ou presque) le savait avant nos livres et nos films. Les enquêteurs de la SEC, sur la base de nos documents, demandent des éclaircissements. Tant mieux même si tout cela finira sans doute par des arrangements financiers. On est dans une histoire improbable. A Clearstream, on expliquera que personne ne sait comment Siemens a utilisé ses comptes. Ce n’est pas leur problème. La firme s’est contenté d’ouvrir une ligne et puis basta. Ce n’est pas elle qui cache ou blanchit. C’est le client. Je n’ai rien écrit d’autre. Clearstream me fait des procès aujourd’hui. A n’en plus finir. Pour avoir révéler ce fonctionnement méconnu de tous.



Voilà quelques autres extraits de ces listings. Ils ne sont pas trafiqués. Ils datent d’avril 95 mais j’en ai de plus récents. A l’époque, Clearstream n’était pas encore une banque mais une société de clearing censée n’accueillir en son sein que des banques.

Clearstream avait ouvert des comptes à Unilever, le vendeur de lessive :



à Daewoo, le vendeur de Télévision :



au groupe Accor-Wagon-lits, le vendeur d’hôtels :



à Shell, le vendeur de pétrole :



Voilà une cerise. Rivunion, la fiduciaire qui a réalisé tous les transferts douteux de l’affaire Elf :



Rien que des multinationales. Rien que des sociétés friandes de marchés. Rien que d’énormes boites (qui pour la plupart dégraissent et licencient à tour de bras) dont on se demande pourquoi elles n'ont pas ouvert de comptes dans une banque disons normale. Tout simplement.

Si j’étais magistrat à Munich ou ailleurs ou enquêteur à la SEC, j’irais mettre mon nez sur les relevés d’identités bancaires à Clearstream de ces bons clients.

Bonne nuit

DR

ps: Pour réagir au post de Maxence, cette liste est bien une liste de clients et n'a rien à voir avec l'audit d'Arthur A. Elle date d'avril 95 et je rappelle que Clearstream n'a jamais remis en cause ces éléments pas plus qu'elle n'a nié avoir ces multinationales comme clients.

9 Comments:

Anonymous Anonyme said...

@ Denis,


Je ne crois pas que les agents US ont obtenu des listings de chez Clearstream: l'article sur IPSNEWS indique que l'auteur de l'article conseillerait à ces enquêteurs d'aller faire un tour au Luxembourg chez Clearstream, mais ne dit pas que ce sont ces enquêteurs qui sont à l'origine de ces documents. Sur son site, elle indique en illustration des listings de 95 et de 2000, disponibles un temps sur le net et qu'elle a dû utiliser pour rédiger son article, ainsi que la littérature Clearstream.

Concernant Siemens, il semble que les enquêteurs allemands ne fassent référence, pour l'instant qu'à cinq pays liés à ces corruptions supposées: le Liechtenstein, la suisse, les îles Vierges Britanniques et les Emirats Arabes Unis (Dubai).

Aurélien

12:47  
Blogger Unknown said...

Le début des problèmes pour SIEMENS remontent déjà à loin… Rappelez-vous :

http://ladominationdumonde.blogspot.com/2006/11/message-de-denis-robert-23l11l06-les.html
«
De l'eau au moulin...
SIEMENS, Une troublante coïncidence temporelle :
· 24/11/2006
Les détournements de fonds atteindraient 200 millions d'euros.
http://www.lefigaro.fr/eco-entreprises/20061124.FIG000000119_siemens_s_enfonce_dans_le_scandale.html
· 24/11/2006
(Cercle Finance) - Siemens annonce avoir remporté un contrat d'une valeur de 1 milliard de dollars en Argentine pour la construction de deux centrales électriques.

»


« ça finira par se savoir » disais tu alors…

Septembre 2007, ça va peut être enfin leur péter à la gueule ! Chouette !


Citoyennement,
Vincent LERAY

13:26  
Anonymous Anonyme said...

Mais Denis, je ne comprend pas... Clearstream n'a que des banques comme clients, t'as pas dû voir l'interview de la firme... Ben tiens, je la met en copie...

http://www.dailymotion.com/relevance/search/clearstream/video/xr1om_clearstream-lavis-des-employes_news


ah tiens, un autre interview d'André Roelants... Il n'y a pas d'affaire clearstream, c'est simplement une affaire franco-francaise. Ben tiens, j'en profite pour mettre le lien aussi.

http://www.dailymotion.com/relevance/search/clearstream/video/xr058_a-roelants-president-de-clearstream_news


A la lumiere de ton post, espérons que le enquêteurs du FBI et de la SEC (l’autorité boursière américaine) en ai fait une mauvaise interprétation aussi.

Petit devoir aux lecteurs de ton blog. Compter le nombre de fois "Franco-Francais" et "plomberie" dans les deux interviews linkées ici. Ensuite, admirer la manière, en fin d'interview, de réorienter une affaire de fraudes planétaires présumées (la vraie affaire clearstream) -celle qui affecte peut etre bien le prix de la baguette- en expliquant une autre affaire (celle de listings) qui nous concerne déjà beaucoup moins, en tout cas, qui ne risque pas, elle, d'avoir la moindre influence sur le prix de la baguette.

Enfin, observer l'interview. Bien observer...

a ciao

yves

14:36  
Anonymous Anonyme said...

Clearstream dispose-t-elle des relevés d'identité bancaires de ses clients ?


Tous les clients de Clearstream sont-ils clients de Clearstream Banking ?

16:25  
Anonymous Anonyme said...

Elles sont bien jolies vos photos mais ne prouvent pas grand chose. Je me suis amusé à faire la même chose dans ma base de données et je peux vous faire à peu près les mêmes. Ce que vous affichez ce sont des noms d'actions et pas des numéros de compte. Vous n'avez d'ailleurs pas les titres des colonnes. On peut très bien parler de choux et de carottes.

"Rien que des multinationales. Rien que des sociétés friandes de marchés. Rien que d’énormes boite" eh oui des boites qui ont des actions côtées sur les marchés et dont les noms figurent dans vos listings...

En plus les noms de comptes dans les bases de données ne se trouvent pas facilement alors à Clearstream ça me parait encore plus improbable. Et puis c'est généralement le département juridique qui sait qui se cache derrière un numéro de compte.

Vous vous demandez où je veux en venir et j'y viens justement. Même si je suis d'accord avec vous sur le fond, arriver à trouver un listing incriminant de façon sur et certaine un grand groupe relève de la mission impossible voir du miracle (je travaille dans le domaine) et certainement pas d'un extrait de requête dans une base de donnée. Qui plus est vous avez obtenus ces listings d'un auditeur financier qui connait peut-être le milieu dans lequel il évolue mais incapable au niveau technique de faire des requêtes dans une base de donnée. Autant vous le dire tout de suite les consignes quand on reçoit ce genre d'auditeur c'est de leur montrer uniquement la partie émergé de l'iceberg.

Enfin bref bon courage quand même mais ne vous laissez pas mener en bateau par des fichiers informatiques

16:27  
Anonymous Anonyme said...

les listings Accor et Shell semblent inversés dans l'article...

16:53  
Anonymous Anonyme said...

@Maxence

> Ce que vous affichez ce sont des noms d'actions et pas des numéros de compte
Faux. La deuxieme colonne est bien un numero de compte. La troisieme colonne est bien le nom de clients. Les numéros de titres sont par ailleurs composés de chiffres et lettres suivant le standard ISIN qui est bien plus long que les 5 chiffres présentés.

>En plus les noms de comptes dans les bases de données ne se trouvent pas facilement .... Et puis c'est généralement le département juridique qui sait qui se cache derrière un numéro de compte.

Faux. Pour le fonctionnement d'un système de clearing, il est indispensable pour les clients de connaitre les numéros et les noms, des autres participants au systeme. Donc tous les clients disposent de la liste des comptes publiés et de leur intitulés, via la plateforme informatique, et sans doute via des annuaires (papier ou electronique).

10:39  
Anonymous Anonyme said...

Denis Robert,

l'avant dernier commentaire est d'une lucidité convaincante... mais il n'empêche pas de poursuivre et de démonter le mécanisme comme vous le faites depuis des années.
Noter tout de même que DDV fait référence, dans sa dernièe défense, à vos travaux et mentionne plusieurs fois l'intérêt de la première affaire Clearstream.

cf :
http://www.estrepublicain.fr/static/media/dossier.pdf

C'est une victoire politique pour vous cher Denis car ce document replace très bien les affaires pipo des affaires non pipo.

DDV cible notamment à plusieurs reprise le fameux Alain Bauer... et là c'est peut-être quelques uns de vos amis socialistes qui vont grincer des dents.

Enfin un gros dossier avec des documents brutes (dossier judiciaire authentique) en pagaille et avec une étude détaillée sur les moindres astuces informatiques des experts, ça se trouve :

http://www.azf-toulouse.com

Des liens avec l'affaire Clearstream 2 existent et ciblent également le rôle d'Alain Bauer.

Bonne lecture si le coeur vous en dit et surtout bravo pour toutes les actions mettant au jour les mécanismes des puissants voleurs et menteurs.

16:02  
Anonymous Anonyme said...

C'est toujours N avec ces exemples, jamais Y dans la premiere colonne.
Ca veut dire quoi?

15:44  

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