22.9.07


Rapacités

Pour aider mes avocats, j’ai remis le nez dans le livre de Jean Louis Gergorin et Sophie Coignard « Rapacités » paru chez Fayard en début d’année. Ce livre était accablant pour Clearstream. Un peu compliqué, il n’a pas touché un grand public. Jean Louis Gergorin, lors de la promotion de l’ouvrage, a été interviewé sur toutes les chaînes, toutes les ondes. Clearstream, dans sa stratégie d’isolement à mon égard, n’a déposé aucune plainte, ni recours contre le livre. Ce qui y est écrit peut donc aujourd’hui être considéré comme acquis.

Voici un court best of pour ceux qui pensent encore que l’affaire de « la lessiveuse Clearstream » n’existe pas. Et que tout est réglé.

Page 76. Gergorin cite un ancien Directeur du Trésor qui dit « Clearstream et Euroclear jouent un rôle important et utile en facilitant la réintégration dans le système financier de fonds dont il vaut mieux ne pas connaître l’origine mais qui sont bien utiles au développement économique mondial. »

Page 82. Il aborde une technique imparable de dissimulation de transactions : « Pour bien se représenter le fonctionnement de Clearstream, il faut s’imaginer que la chambre de compensation met à disposition de ses clients des véhicules financiers qui peuvent transporter instantanément des paquets d’argent et de titres (…). Aux véhicules immatriculés –les comptes principaux- peuvent se voir attelées, en quelque sorte, des remorques sans plaque d’identification lisible, puisque les comptes additionnels ne sont pas forcément publiés et que leur ayant droit économique n’est pas forcément connu de Clearstream. »

Page 84. Sur la possibilité pour une personne physique d’avoir un compte à Clearstream : « . Il peut ouvrir un compte numéroté dont les coordonnées ne figurent pas sur le listing informatique général de la banque mais seulement sur un registre très restreint et accessible à un très petit nombre d’employés. (…) Rien’empêche ce client de piloter directement son compte additionnel Clearstream, où ses avoirs ont été transférés, si la banque lui a communiqué les codes électroniques. Il peut passer tous les ordres qu’il souhaite depuis n’importe quel terminal Internet où que ce soit dans le monde. Si de surcroît, au moment de l’ouverture du compte Clearstream, sa banque l’a désigné comme le destinataire des relevés de situation expédiés par la chambre de compensation, elle ne reçoit même pas de copie de ses documents. Elle ne conserve donc pas dans ses archives comptables la moindre trace des transactions ».

Plus précisément encore : « Dans sa comptabilité, ces flux n’apparaîtront que globalement et de manière anonyme ».

Page 87, sur le même registre : « Le compte a été ouvert au bénéfice d’une seule personne dont l’identité n’apparaît pas dans l’intitulé. Clearstream n’a aucune référence pour vérifier l’honorabilité de ce client-mystère, d’autant que la plupart de ces comptes sont créés par des établissements offshore. Il en est même un qui donne un certain frisson puisqu’il est intitulé « undoc client »

Page 90, il est question de liquidités : « les virements en cash entre comptes Clearstream s’effectuent librement par simples mouvements d’écriture. La chambre de compensation peut dont se transformer en merveilleuse machine à transférer non seulement des titres mais du cash entre comptes additionnels »

Page 96, j’apparais : « Ce petit jeu aurait pu continuer indéfiniment sans l’intrusion d’un trublion nommé Denis Robert. »

Page 100, dans un chapitre intitulé la saga des comptes morts-vivants : « Après cinq mois d’analyses intensives, j’ai acquis la conviction qu’il a existé, au moins jusqu’en septembre 2001 et probablement jusqu’en mai 2004, une catégorie extraordinaire de comptes chez Clearstream, que l’on pourrait qualifier de « comptes morts vivants ».

Page 106, les auteurs rappellent que les transferts de cash entre comptes Clearstream s’effectuent par simple jeu d’écriture sans utilisation de banques externes ou de la messagerie Swift : « Ces mouvements échappent à la fois aux procédures de déclaration de suspicion que les banques ordinaires sont obligées d’effectuer et à la surveillance particulière que les autorités américaines exercent sur Swift. »

Page 113, il me cite à nouveau : « Il est toujours question, dans les médias, de « l’affaire Clearstream ». C’est un abus, ou plutôt une restriction, de langage. Car il existe en réalité trois affaires Clearstream. Ne pas les considérer dans leur continuité revient à se priver de la vision globale nécessaire à une compréhension raisonnable de l’histoire. La première, initiée par Denis Robert et la publication de son livre « Révélation$ » en janvier 2001, résulte d’un long combat mené par ce journaliste-enquêteur contre la chambre de compensation luxembourgeoise.(...). Si, comme j’en suis convaincu, un système occulte a prospéré au sein de Clearstream, au moins entre 1994 et 2001, et peut-être d’une date indéterminée des années quatre-vingts jusqu’au printemps 2004, Denis Robert aura eu le premier une formidable intuition, puisqu’il a donné l’alerte en janvier 2001 sur la possibilité d’errements majeurs au sein du Clearstream de l’époque.

C’est un peu gênant de m’auto-citer. Mais bon. Au moment où je suis un peu seul à répondre aux attaques de Clearstream et où juges, journalistes et politiques se perdent en guerillas et constructions inutiles, j’aimerais vraiment que des acteurs ou des observateurs honnêtes de ces affaires réfléchissent à ces lignes et se demandent pourquoi, si cela était faux ou inventé, la multinationale, son service juridique et ses avocats si vigilants concernant mes interventions, auraient laisser passer pareilles accusations. Sans broncher

4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

La raison pour laquelle Gergorin n'a pas été attaqué c'est parce que les médias l'ont fait passer (à tort ou à raison) pour un charlatan et un affabulateur.

Le travail est fait. Pas besoin de faire plus.

Par contre, Denis, tout le monde sait que tu es sérieux. Et c'est pourquoi tu te fais marginaliser.

J'ai bon espoir, puisqu'il s'agit d'informatique finalement, que le système se trahisse et par ailleurs soit impuissant face à l'implacable du réel. Trahis par des techniques de "forensic analysis" qui mettront surement un jour le doigt sur ces réseaux financiers. Réel implacable parce que cette financiarisation de la planète est une pacotille comparé à ce que la dégradation de la nature nous fait payer. Dans un système plus solidaire, le financier n'est plus roi.

-Stef

11:05  
Anonymous Anonyme said...

"....La première, initiée par Denis Robert et la publication de son livre « Révélation$ » en janvier 2001, résulte d’un long combat mené par ce journaliste-enquêteur contre la chambre de compensation luxembourgeoise.(...)."
Comme cirage des pompes... on ne peut pas mieux faire.... Et ça marche !
Industriels et journalistes d'investigation même combat ?
Qu'est-ce qu'il pense le journaliste d'investigation sur l'absence des poursuites contre JLG de la part de CLEARSTREAM ?
Simple oubli de la banque des banques ?
En tout cas, t'as raison d'utiliser ses arguments, peu importe le but du rédacteur.
Au moins il sert à quelque chose, car question révélations... n'ajoute rien à ce qui a déjà été rélévé.... il me semble...

11:42  
Anonymous Anonyme said...

Bonjour,
un petit commentaire de "soutien" :
ni juge, ni journaliste, mais j'espère humaniste,
je trouve formidable ce travail que vous avez entrepris, et j'encourage de toute mon admiration, vos efforts pour garder la tête haute, hors de cette mer de boue, que dis-je de boue, cette marée noire....
C'est de l'asphixie ou de la respiration de tous dont il s'agit.
Merci.
A*

13:46  
Anonymous Anonyme said...

question à poser à des avocats
de CLEARSTREAM
Il y a certainement une réponse logique
"....si cela était faux ou inventé, la multinationale, son service juridique et ses avocats si vigilants concernant mes interventions, auraient laisser passer pareilles accusations. Sans broncher..."
Je note au passage qu'aucune mention n'a été faite aux acteurs principaux des révelations
Comme s'ils n'existaient pas.
Comment expliquez vous cela ?

14:44  

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