7.9.06





DOMINATIONS, OU L'ART DU COMBAT
V
ous démarrez une toile par un croquis, une silhouette, une tâche, vous couvrez le tout par un aplat. Puis un autre. Personne ne connaîtra ces aspérités. C’est ce qui fait l’épaisseur d’une toile. Celui qui regarde ne le voit pas, il le sent. Pareil pour les livres. Je m’inspire de ce que je vis. Je retravaille, je malaxe. Je recouvre. J’enlève. Je replace. Je ne sais jamais ce que sera l’objet final. Le monde, ensuite, se charge de classer l’objet dans une case. Roman, essai, beaux livres. Moches livres. […] Qui nous domine? Pourquoi l'accepte-t-on? En quoi l’information est instrument de domination ? J'avais des embryons de réponses. La question principale, celle qui me paralysait, était: à quoi doit servir un écrivain aujourd'hui ? Un écrivain ballotté entre réel et fiction ne doit servir à rien. Je sais. Un peintre non plus. Mais si l'on ne devait trouver qu'une seule utilité, laquelle ? Insistons... Tout au fond de lui, un écrivain se sait utile aux autres, sinon ce n’est même pas la peine qu’il continue. Oui, mais utile à quoi ? Disons à les aider à découvrir un monde qu’ils n’ont pas pris le temps de voir. Son monde… Et un peintre? Un peintre, pareil. Il devrait faire des toiles comme celles de Philippe Pasquet. […] Pendant que j’écrivais « La domination du monde » et que j’étais l’objet de surveillance et de sollicitations de divers agents nocifs –flics, espions, magistrats, entourages politiques-, pendant ces années d'écriture et de gamberge, nous nous sommes beaucoup vus. Philippe venait à mon atelier. J'allais à son bureau. Je m'asseyais sur ses chaises inconfortables en sirotant de la mirabelle chaude. Il se vautrait dans ma moleskine en liquidant mon bourbon glacé. Je lui parlais d' images qui me hantaient. Je griffonnais quelques lignes. Il s'y mettait souvent seul après que je sois parti. Parfois, je posais une petite griffe quelque part. Parfois rien. […] Ces tableaux sont autant d'images qui disent le combat d'un homme face à un monde qui cherche à le dominer. La littérature, comme la peinture, peuvent faire brutalement entrer dans une autre dimension. Les toiles comme les livres doivent être des fenêtres et des barrages. Les fenêtres nous ouvrent à de nouvelles représentations. Les barrages aident à lutter contre la houle des idées reçues et des images convenues.
Ce livre existe. C’est un livre de Kombart. Il dit notre confrontation au réel. Il préfigure de futures expositions et rencontres dans des galeries et des librairies. Au moment où je gratte ces lignes, nous mettons une dernière main à une série de toiles explosives que nous allons appeler « Recel de vol ». La première exposition devrait avoir lieu bientôt à Paris dans une galerie comme inventée pour nous. La Bank. C’est son nom. Ne pas se prendre au sérieux, sourire et savoir cogner quand la situation l’exige. C’est notre manière de résister. On n’a pas dit notre dernier mot.
Denis Robert

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

comment votre back-office gere t'il les mouvements financiers transbancaires? transnationaux? transnationaux en provenance ou a destination de lieux operant le secret bancaire?

(je parle bien sur dans le cadre de la lutte contre le blanchiment).

16:36  

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