Clearstream-Nigeria : même combat.
La lecture d’un excellent article sur Rue 89 ce matin me donne l’occasion de vérifier une nouvelle fois à quel point nous avions tapé juste avec notre enquête sur Clearstream et à quel point « la justice » gagnerait temps et argent à enquêter sur les comptes de la multinationale luxembourgeoise plutôt qu’à chercher à faire plaisir à Nicolas Sarkozy (hier nouvelle lettre recommandée à la maison pour me convoquer à une insignifiante ouverture de scellés).
C’est un papier sur la condamnation du ministre du pétrole nigérian Dan Etete pour corruption. L’Etat nigérian était partie civile et voudrait récupérer les 4 milliards d’euros volés par le général Abacha et sa clique. Une partie, d’après l’enquête, est planquée en France et à Londres. L’autre, dans des paradis fiscaux.
Je lis à propos d’Etete qu’il peut compter sur un réseau de sociétés off shore et sur d'autres relais bancaires, « dont ceux offerts par le très efficace réseau du Crédit agricole Indosuez. La BNP SA (Suisse) de Genève, la Clariden Bank de Zurich et l'UBS à Londres font aussi partie de ce schéma de blanchiment. »
La suite : « Les autres places financières servent, quant à elles, de lessiveuses: Londres d'abord, puis Paris, où Dan Etete a créé une petite entreprise très performante, Nour Developpment Corporation. Là aussi, une banque très spécialisée, la BGPI, filiale du Crédit agricole Indosuez, "oublie" de faire une déclaration de soupçon auprès de Tracfin. Or, entre juillet 1999 et mai 2000, la BGPI a mis à disposition de son client nigérian... 40 millions de francs. »
Je fais alors apparaître sur mon écran le listing des 33 000 comptes (le fameux, celui qui me vaut ma mise en examen pour recel), je clique sur la fonction « recherche ». Et là, miracle : toutes ces banques ont des comptes à Clearstream, en particulier la douteuse Banque de Gestion Privée Indosuez (BGPI). Compte S0418 (numéro 22522 dans ma liste), ouvert à Paris le 10 juillet 1998.
Je suis sûr qu’en posant gentiment la question à Clearstream, on doit pouvoir retrouver des traces de ces placements. Je vois mal les banques citées plus haut possédant ces comptes et ces réseaux ne pas utiliser Clearstream pour leurs transactions.
« Nous ne sommes pas responsable de ce que font nos clients » dira la multinationale Admettons. Deux solutions: soit on retrouve quand même les traces des virements et tout le monde est content. Surtout les nigérians.
Soit, on ne les retrouve pas. Cela signifierait qu’on a inventé un mécanisme qui permet de les faire disparaître. Dans ce cas, pour une bonne administration des réseaux financiers planétaires, et afin d’aider les nigérians à retrouver ce qui leur est dû, il serait utile de changer de mécanismes.
J’avais tendance à me rouiller ces derniers temps et à oublier l’essentiel. J’arrête là. Ça vaut mieux.
La lecture d’un excellent article sur Rue 89 ce matin me donne l’occasion de vérifier une nouvelle fois à quel point nous avions tapé juste avec notre enquête sur Clearstream et à quel point « la justice » gagnerait temps et argent à enquêter sur les comptes de la multinationale luxembourgeoise plutôt qu’à chercher à faire plaisir à Nicolas Sarkozy (hier nouvelle lettre recommandée à la maison pour me convoquer à une insignifiante ouverture de scellés).
C’est un papier sur la condamnation du ministre du pétrole nigérian Dan Etete pour corruption. L’Etat nigérian était partie civile et voudrait récupérer les 4 milliards d’euros volés par le général Abacha et sa clique. Une partie, d’après l’enquête, est planquée en France et à Londres. L’autre, dans des paradis fiscaux.
Je lis à propos d’Etete qu’il peut compter sur un réseau de sociétés off shore et sur d'autres relais bancaires, « dont ceux offerts par le très efficace réseau du Crédit agricole Indosuez. La BNP SA (Suisse) de Genève, la Clariden Bank de Zurich et l'UBS à Londres font aussi partie de ce schéma de blanchiment. »
La suite : « Les autres places financières servent, quant à elles, de lessiveuses: Londres d'abord, puis Paris, où Dan Etete a créé une petite entreprise très performante, Nour Developpment Corporation. Là aussi, une banque très spécialisée, la BGPI, filiale du Crédit agricole Indosuez, "oublie" de faire une déclaration de soupçon auprès de Tracfin. Or, entre juillet 1999 et mai 2000, la BGPI a mis à disposition de son client nigérian... 40 millions de francs. »
Je fais alors apparaître sur mon écran le listing des 33 000 comptes (le fameux, celui qui me vaut ma mise en examen pour recel), je clique sur la fonction « recherche ». Et là, miracle : toutes ces banques ont des comptes à Clearstream, en particulier la douteuse Banque de Gestion Privée Indosuez (BGPI). Compte S0418 (numéro 22522 dans ma liste), ouvert à Paris le 10 juillet 1998.
Je suis sûr qu’en posant gentiment la question à Clearstream, on doit pouvoir retrouver des traces de ces placements. Je vois mal les banques citées plus haut possédant ces comptes et ces réseaux ne pas utiliser Clearstream pour leurs transactions.
« Nous ne sommes pas responsable de ce que font nos clients » dira la multinationale Admettons. Deux solutions: soit on retrouve quand même les traces des virements et tout le monde est content. Surtout les nigérians.
Soit, on ne les retrouve pas. Cela signifierait qu’on a inventé un mécanisme qui permet de les faire disparaître. Dans ce cas, pour une bonne administration des réseaux financiers planétaires, et afin d’aider les nigérians à retrouver ce qui leur est dû, il serait utile de changer de mécanismes.
J’avais tendance à me rouiller ces derniers temps et à oublier l’essentiel. J’arrête là. Ça vaut mieux.
7 Comments:
Le mercredi 24 octobre, il y avait une soirée débat sur l'affaire clearstream à Saint-Chamond, je ne sais pas où c'est. Y a-t-il d'autres débats dans d'autres villes (j'habite l'Est de la France) ?
Clearstream, montre tes infos à la justice si t'es un homme !
ouais, ça c'est bien parlé ;)
Car Clearstream est censée être une personne morale.......
avoir un "compte courant" prend tout son sens chez Clearstream
yves
Le compte S0418 n'est pas un compte de Clearstream mais un alias d'un compte de contrepartie domestique chez Sicovam...
Astuce du jour : les comptes qui commencent par une lettre ne sont pas des comptes Clearstream mais des alias de contreparties domestiques.
Les comptes qui commencent par 9 sont en fait des alias de comptes Euroclear.
Autant l'article de Denis est clair, autant ce dernier commentaire est opaque. Je ne comprends pas la différence, si il y en a, ou alors est-ce juste une mise au point "technique" ...
En tout cas Denis, merci pour tout ce que tu fais.
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